La paroisse Francophone de Bucarest, une histoire pas comme les autres … plus de 100 ans d’histoire en traversant la période communiste.


Histoire de l'église du Sacré-Coeur.

Aux origines de notre paroisse, il y a la venue en Roumanie, dès 1906, des Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul, appelées par le Prince Vladimir Ghika. Il avait connu, admiré et partagé leur dévouement parmi les pauvres à Thessalonique, où son frère Démètre était Consul.
Bucarest Hôpital anciennement des Soeurs de la CharitéVers 1912 les sœurs de la Charité acquièrent sur la chaussée Jianu un ancien pavillon de chasse sur le terrain duquel va bientôt s’élever l’hôpital St-Vincent de Paul – aujourd’hui Hôpital Dr Parhon Bd Aviatorilor n° 34. Sœur Soize préside à la réalisation de ce beau projet, soutenu par le Prince Vladimir Ghika (orthodoxe de naissance, il est entré dans l’Eglise catholique en 1902). En 1930 est érigée la grande chapelle publique (devenue notre église paroissiale), desservie par les Pères lazaristes.
Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, l’hôpital des sœurs de la Charité accueille des malades et blessés réfugiés polonais. Mgr Ghika (il n’était pas évêque, mais prélat d’honneur), ayant choisi et obtenu de ne pas retourner en France, s’installe chez son frère et participe activement à l’apostolat autour de la paroisse gréco-catholique Saint-Basile d’une part, de l’église latine Saint-Vincent de Paul et des services hospitaliers d’autre part.
En 1944, avec l’avance de l’Armée Rouge, retournement d’alliance: le Roi Michel destitue le Maréchal Antonescu, les Américains bombardent Bucarest, les Allemands se retirent et l’Armée soviétique arrive en libératrice, préparant le pouvoir communiste local (Anna Pauker; Petru Groza, Gheorghe Gheorghiu-Dej et consorts) – avec d’abord l’abdication forcée et l’exil du Roi Michel (décembre 1947), puis l’installation d’une éphémère république fantoche à laquelle préside l’honorable Dr Parhon, endocrinologue de renom. L’hôpital où il officiait, comme toutes les institutions d’Eglise, est confisqué : pour sauver ce qui peut l’être, les Filles de la Charité le vendent à l’Etat français, représenté par Robert Schuman, alors ministre des Affaires Etrangères.
A l’automne 1948, la persécution éclate, les Sœurs sont interdites d’activités, expulsées de leur couvent – et du pays pour les étrangères. Les anciennes se regroupent dans une maison du quartier, avec une postulante qui le restera jusqu’en 1990.
Pendant plus de 30 ans, l’église restera fermée, subissant de graves dommages lors du tremblement de terre de 1977. L’Etat français assure les réparations essentielles (pose des tirants métalliques qui aujourd’hui encore en maintiennent la structure). Le presbytère sert de logement d’appoint à des coopérants scolaires. A partir des années 1980, deux fois l’an aux grandes fêtes, un prêtre français vient célébrer la messe pour les membres du corps diplomatique.Bucarest Enseigne Sacré-Coeur


Réouverture de l'église catholique.

Bucarest Eglise du Sacré-CoeurDès janvier 1990, avec l’appui d’un groupe d’Africains francophones, des démarches sont faites par l’archevêque Mgr Ioan Robu pour obtenir la réouverture de l’église catholique du Sacré-Cœur. Elles aboutissent en 1991 et dès le mois d’avril, chaque dimanche l’église est ouverte pour une messe en français. Le P. Ioan Ciobanu est nommé curé d’une nouvelle paroisse territoriale roumaine, tandis qu’un prêtre de langue française assure la pastorale pour cette communauté linguistique. La Compagnie de Jésus, qui cherche à se redéployer dans le pays, propose l’un des siens pour ce poste. Le Père Luc Duquenne arrive à Bucarest le 17 novembre 1991.
Bucarest P. Luc DuquenneLe P. Luc Duquenne est à Bucarest depuis le 17 novembre 1991. Le lundi 18, l’église est rendue au culte quotidien. La paroisse est érigée canoniquement le 1er décembre 1991. Le père Duquenne devient responsable de la pastorale francophone et le restera pendant vingt ans.  Il sera aussi professeur de Patristique, puis de Latin aux Facultés Catholiques. Il vit toujours  aujourd’hui en communauté avec de jeunes confrères roumains jésuites.

Bucarest P. Michel KublerLe Père Michel Kubler est à Bucarest depuis septembre 2010. Depuis 2011, il est  le responsable de la communauté catholique francophone. Il vit en communauté avec de jeunes confrères roumains assomptionnistes. Il est aussi le directeur du Centre Saint Pierre – Saint André d’Etudes byzantines et de Rencontres œcuméniques au centre-ville de Bucarest.


Paroisse francophone de Bucarest : une envie de partage.

Qui sommes-nous ? Nous sommes une communauté d’une centaine de familles vivant à Bucarest. La paroisse est formée d’une majorité de familles expatriées en Roumanie pour 3 à 5 ans en moyenne, d’une communauté africaine à l’origine de la réouverture de l’église catholique, de familles franco-roumaines.
Bucarest JeunesNotre devoir est d’abord  la transmission à nos jeunes d’une Foi vivante et active : dès leur plus jeune âge, nous leur proposons une initiation au cours des messes dominicales, puis 3 années de catéchèse hebdomadaire sont assurées par des mères de famille. Enfin collégiens et lycéens sont invités à des rencontres d’Aumônerie animées par des parents, aidés par des religieux installés depuis longtemps dans le pays. Vivant dans un pays à large majorité orthodoxe, la communauté catholique francophone se doit de jouer un rôle de lien vivant. Partageant son lieu de culte avec une paroisse roumaine, accueillant un office hebdomadaire en langue anglaise, elle a tissé des liens également avec l’Eglise gréco-catholique (Eglise célébrant sa Foi selon le rite oriental, en union avec le Saint-Siège), et par l’intermédiaire du Centre St Pierre-St André, s’efforce de comprendre et se lier avec l’Eglise Roumaine Orthodoxe. Nous sommes donc ouverts à la rencontre d’autres communautés.
Vingt-cinq ans après la chute du régime communiste, la Roumanie reste un des pays les plus pauvres d’Europe (salaire minimum mensuel 200 €). En plus d’implications individuelles dans des ONG locales,  la communauté catholique francophone dans son ensemble s’efforce de venir en aide aux plus démunis, par des actions impliquant les jeunes de l’Aumônerie d’une part, et toute la communauté d’autre part lors des actions de Carême ou de Noël (aide à orphelinat, collectes alimentaires et de vêtements…).


Evènements marquants – Pèlerinages.

Bucarest Voyage Terre Sainte 2014Depuis deux ans, la Paroisse organise un pèlerinage au mois de février pour les paroissiens et les anciens, partis pour d’autres lieux. En 2014, le premier pèlerinage a eu lieu en Terre Sainte. En 2015, le pèlerinage s’est déroulé à Rome et à Assise, où le Pape François a adressé un salut particulier à notre Paroisse lors de l’audience publique.
En 2014, les paroissiens ont par ailleurs pu se rendre en Pèlerinage à la prison de Jilava; prison des opposants au régime communiste dans laquelle est décédé Mgr Vladimir Ghika.Bucarest Prison

 


Evènements marquants. Béatification de Mgr Vladimir Ghika.

L’existence de la Paroisse francophone de Bucarest est tout particulièrement liée à Vladimir Ghika. Né en 1873 dans une famille orthodoxe, il se convertit au catholicisme et est ordonné prêtre en 1923 par l’archevêque de Paris. Bucarest Mgr GhikaQuand éclata la Seconde Guerre mondiale, Vladimir Ghika sollicita l’autorisation, qui lui fut accordée, de rentrer à Bucarest. En liaison avec la nonciature, il s’occupa principalement des réfugiés polonais qui avaient fui l’invasion nazie, et pendant plusieurs années il se consacra aux plus démunis. Arrêté le 18 novembre 1952 par la police communiste, accusé de haute trahison, il subit un simulacre de procès en même temps que cinq autres prêtres. Menacé, battu au sang, torturé, il fut condamné à trois ans d’incarcération. Il mourut le 16 mai 1954 à l’infirmerie de la prison de Jilava, des suites des mauvais traitements.
Son Procès en Béatification a été ouvert en 1991 à la phase diocésaine dans le diocèse de Bucarest. Il a été clôturé en 2003 puis étudié par la Congrégation pour la Cause des Saints.
Le décret sur son martyre, ouvrant la voie à sa béatification, a été signé le 27 mars 2013 par le pape François. La messe de béatification a eu lieu à Bucarest, le 31 août 2013, sous la présidence du cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints.
Le bienheureux Vladimir Ghika est fêté chaque année le 16 mai, anniversaire de sa mort.