Nourri par des témoignages lucides et très vivants, recueillis dans les carnets de son père, administrateur de la France d’outre-mer de 1937 à 1960, Thierry Verdier tente de démêler l’écheveau historique complexe d’une période coloniale et de ses répercussions sur les vagues d’immigration qui nous sont promises. Il connaît lui-même bien l’Afrique pour y avoir vécu au début de sa vie professionnelle.
Ed. L’Harmattan, novembre 2021, 160 pages.
Thierry Verdier, avec son épouse Dominique, a assuré en 2007 et 2008, la coordination de la paroisse francophone de Varsovie faisant partie du réseau des Communautés Catholiques Francophones dans le Monde. Rentrés en France, Thierry et Dominique se sont engagés quelques années comme bénévoles au service des CCFM à Paris.
À l'occasion de la parution de son dernier livre, Thierry Verdier a accepté de répondre aux questions des CCFM
CCFM : – Pour quelle raison, abordez-vous, cette fois-ci, un thème suscitant autant de polémique que celui de la colonisation ?
Thierry Verdier : –
Oui, je sais, c’est un sujet très sensible, d’autant qu’il renvoie aujourd’hui au thème de l’immigration ! Mais j’avais éprouvé le besoin d’entreprendre cette démarche, quand Emmanuel Macron, alors candidat à la présidence de la République, avait affirmé que toute forme de colonialisme était un crime contre l’humanité ! Vous vous souvenez ? c’était à Alger en 2017.
–D’où le besoin de régler quelques comptes avec votre père, ancien administrateur en chef de la France d’Outre-mer ?
– Ah non ! dans ce livre, au contraire, je rends justice à sa lucidité et à sa dignité !
–Vous affirmez, pourtant, que toute forme de colonialisme est une négation profonde de la dignité humaine !
– Oui…, comme toute domination, qu’elle soit politique, économique ou culturelle !
– Il y a une grosse différence ?
–
Ca n’a rien à voir ! Regardez : le dictionnaire Larousse définit le crime contre l’humanité comme « l’exécution d’un plan concerté tendant à la destruction totale ou partielle d’un groupe national, racial, éthique ou religieux, inspiré par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux » … ce qui n’a pas été, le cas, ni en Afrique Occidentale Française, ni en Afrique Equatoriale Française…
– Vous reconnaissez, à la fin du livre : « Ce soir-là, je prenais conscience que, par la candeur de certaines de mes postures, moi le Blanc, je pouvais générer en revers, maladroitement, une insupportable pesanteur chez lui, le Noir ! » C’est votre père qui vous a inculqué cette empathie ?
– Cela aurait pu être le cas ! Non, là il s’agit d’une réflexion d’Aya Cissoko, triple championne du monde de boxe. Une femme remarquable dont les réactions, vécues de l’intérieur, m’ont beaucoup remué !
– L’objectif de ce livre est, si je comprends bien, d’inviter le lecteur à aborder la colonisation et les migrations qui en découlent sous un nouvel angle ?
– Ah non ! Mon livre n’a absolument pas vocation à éduquer ses lecteurs ! Amin Maalouf, dans son magnifique essai: Naufrage des civilisations, que je donne en introduction de mon livre, le dit, d’ailleurs, très bien : : « Le plus important dans une œuvre littéraire, ce n’est pas le message que l’auteur a souhaité transmettre, mais les nourritures intellectuelles et affectives que chaque lecteur peut y puiser lui-même. »
– Après avoir relayé le cri des Polonais, l’angoisse des migrants syriens, les fantasmes de la rue et, aujourd’hui, la voix de ceux qui ont subi ou imposé la colonisation… avez-vous déjà une idée du thème de votre prochain livre ?
– Inch’Allah boukra, comme diraient mes amis libanais…– Ce qui veut dire ?
– Demain appartient à Dieu !
Pour en savoir plus, lire :
– le témoignage donné par Thierry Verdier à l’occasion des Journées Pastorales des CCFM en 2015 sur ses engagements pendant ses années d’expatriation dans de nombreux pays.
– la recension faite lors de la parution de son troisième livre Étudiant en Syrie, errant en Occident