C’est une évidence historique que de constater un fait : le christianisme nous est venu de régions qui, actuellement, sont pratiquement toutes peuplées majoritairement de musulmans. Autour de la Méditerranée et à l’orient de cette mer subsistent pourtant, depuis les invasions arabes et turques, des communautés chrétiennes dont les traditions sont diverses. Toutes se sentent menacées parce que minoritaires. Leur attitude est souvent la défensive et pourtant ils étaient là depuis bien longtemps quand l’Islam est arrivé et s’estiment, à juste titre, brimés dans leurs libertés, soumis à l’arbitraire du pouvoir politique, aux guerres qui ne les concernent pas.
De fait le christianisme est né et a cru là où, de nos jours l’islam est souvent religion d’Etat. Les choses se sont bien compliquées avec l’irruption des luttes intestines propres à l’Islam, au terrorisme lié au fondamentalisme religieux et au fanatisme inculte.
D’autre part, depuis la décolonisation, notre pays lui-même a vu affluer au cœur ou à la périphérie de nos villes une importante population musulmane en provenance de notre ancien empire colonial : maghrébins et africains essentiellement, auxquels se sont joints les réfugiés de pays en guerre comme la Libye, la Syrie ou l’Irak. Il faut désormais apprendre à vivre ensemble malgré nos grandes différences religieuses et culturelles. Ce n’est pas gagné !
Est-ce à dire que toute cohabitation pacifique est impossible entre chrétiens et musulmans ? De nombreux exemples montrent qu’il n’en est rien. Recevons le témoignage de ceux qui nous interpellent dans ce dossier « Etre chrétien en terre d’Islam ».
Mgr Robert Poinard
Etre évêque en pays musulman confronte au quotidien à cette différence spécifique que chrétiens et musulmans ont en commun. Une différence irréductible entretenue paradoxalement par une histoire commune multiséculaire et la foi en un même Dieu unique. Comment faire de cette différence une chance pour chacun davantage qu’un motif de peur, une hospitalité réciproque davantage qu’un motif de rejet ? Trois clés peuvent permettre d’avancer sur ce chemin.
Lutter contre la tentation de l’amalgame.
De même qu’il y a autant de façon d’être chrétien que de chrétiens, de même il y a autant de façon d’être musulman que de musulmans. Ou presque. Il est une pratique identitaire et conquérante de l’Islam qui masque bien d’autres expressions majoritaires de la foi musulmane. Vivre dans une société musulmane fait toucher du doigt au quotidien une société plurielle en travail. Succomber à la tentation de l’amalgame est terrible pour toutes ces personnes qui vivent leur identité musulmane de façon ouverte. Et terriblement contre-productif.
Ce refus de l’amalgame ne signifie pas fermer les yeux sur le péril réel que représente cet islam identitaire tenté par la violence. Raison de plus pour distinguer selon les musulmans et pour distinguer aussi selon les types de réponses : aux autorités publiques que nous nous donnons en tant que citoyens, il revient de prendre les décisions politiques qui s’imposent ; aux croyants que nous sommes il revient de garder l’attitude intérieure et spirituelle d’accueil fraternel et d’ouverture sans laquelle nous perdons notre âme. Nous ne manquerons jamais de partenaires qui sauront saisir nos mains tendues.
Lutter contre la tentation d’avoir le dernier mot sur la religion de l’autre.
La pluralité des religions monothéistes est un fait. Chacun peut avoir son explication sur ce mystère, personne ne peut avoir le dernier mot en dehors d’un argument d’autorité qui ne vaut que pour ceux qui reconnaissent cette autorité. Cette pluralité fait-elle partie du plan de Dieu ? Il nous a pendant longtemps été interdit d’évoquer cette possibilité. Fait-elle partie du plan du Diable ? Alors la religion de l’autre serait satanique. Est-elle due à une faute humaine ? Alors la conversion de l’autre finira par faire revenir une douce harmonie dans le meilleur des mondes. De la réponse à ce mystère découle une manière d’agir spécifique qui permet de renverser la question : quelle réponse permet de parvenir à un agir juste, c’est-à-dire un agir qui contribue à rompre la spirale multiséculaire de l’incompréhension et de la violence ?
Vivre en monde musulman renvoie en tous les cas à une évidence : la différence religieuse est plus forte que toutes les tentations de conversion, d’où qu’elles viennent. Elle est posée là, incontournable. Elle apparaît d’autant plus forte, d’autant plus mystérieuse quand elle est éprouvée, entre proches, entre frères « d’âme » de religions différentes. Plus on est amicalement ou spirituellement proche d’un croyant musulman plus l’incontournable de la différence religieuse se laisse découvrir. L’énoncé de la foi de mon frère musulman ne me ferait pas vivre, mais elle le fait vivre lui de la plus belle des manières. Si l’amitié est là, on peut s’interroger sur nos différences, pas pour tenter de les réduire, pour nous en enrichir.
Pierre Claverie (ancien évêque d’Oran, assassiné en 1996) disait : Nul ne possède la vérité, nul ne possède Dieu, et j’ai besoin de la vérité de l’autre.
Je sais que je n’aurai jamais accès par moi-même à la vérité de la religion de l’autre par les Ecritures qui en sont le support. Elle m’échappe, tout comme la vérité de ma religion échappe nécessairement à un non chrétien. Sinon, je deviendrais musulman et le musulman deviendrait chrétien ! J’ai besoin de la foi de l’autre, J’ai besoin d’avoir en face de moi un croyant digne de foi pour pressentir quelque chose de cette part de vérité qui l’anime et qui m’est inaccessible. Alors, grâce à la prise au sérieux de cette foi de l’autre, je peux entrevoir un Dieu plus grand que mes certitudes et avancer moi aussi sur un chemin de conversion.
Lutter contre la tentation de la réflexion auto-référencée.
Combien de fois nous arrive-t-il d’entendre, avec parfois une pointe d’agacement, que nous sommes des gens formidables mais qu’il nous manque une seule chose pour être sauvés : être musulmans ! Evidemment si nous lisions le Saint Coran forcément nous croirions. Et aussi, si les musulmans étaient de meilleurs musulmans, par leur exemple, tout le monde serait musulman. Ou encore qu’une vérité est forcément vraie puisqu’elle est dans le Coran.
Je passe sur les soupçons de falsifications de nos propres Ecritures, et sur bien d’autres choses encore. Alors bien sûr, il est difficile d’entendre de bons chrétiens expliquer que c’est normal de vouloir annoncer le Christ à des musulmans comme on aime à partager ce qui nous rend heureux. Que si les musulmans lisaient l’Evangile, forcément ils découvriraient le Christ et deviendraient chrétiens. Que si nous étions de meilleurs chrétiens, forcément nous donnerions davantage envie de devenir chrétien. Que le Coran est fait de bouts et de morceaux qui disent une chose et son contraire.
La liste est longue de ces réflexions autoréférencées, pleines de bons sentiments, qui signifient beaucoup pour celui qui les dit, et rien du tout pour celui qui les entend. Sauf qu’il n’est pas reçu pour ce qu’il est. Sauf qu’il n’est pas reconnu dans ce qui lui tient le plus à cœur, son identité et sa foi. Vivre avec l’autre protège un peu de ce type d’impasses. L’effet miroir qui consiste à évaluer la pertinence du regard que nous portons sur l’autre à partir de la pertinence du regard que l’autre porte sur nous est un effet radical pour stopper toute velléité de faire à l’autre ce qu’on n’aime pas qu’il nous fasse. Apprendre à vivre avec l’autre, c’est aussi apprendre à se mettre à sa place, à essayer de regarder le monde depuis sa fenêtre à lui. Le paysage change considérablement !
+ Fr. Jean-Paul Vesco op,
Evêque d’Oran
Ces derniers temps on parle beaucoup des chrétiens arabes et des Eglises dans le monde arabe. Selon moi, pour commencer, il est urgent de dire que celui qui désire connaître les chrétiens arabes et les Églises dans le monde arabe doit les interroger directement. Les bibliothèques regorgent de livres, d’études et d’analyses réalisées en dehors du monde arabe : bien qu’ils contiennent des éléments corrects, il y manque le souffle et le sens arabe. Si tu veux connaître un homme, la meilleure manière de le faire est de le laisser parler de lui.
C’est pourquoi lors de cette rencontre nous parlerons de nos Eglises en disant d’elles qu’elles sont :
– des églises autochtones ;
– des églises du Calvaire ;
– des églises de la résurrection.
Des églises autochtones.
Beaucoup de personnes s’étonnent quand elles apprennent qu’il existe des Arabes chrétiens et que ceux-ci sont fondamentalement arabes et non pas des musulmans qui ont abandonné leur religion. Je ne veux pas m’étendre sur ce point, mais le fait est que nos pays ont connu le Christianisme dès sa naissance. Le premier siècle n’était pas encore terminé que déjà nos terres, dans leur grande majorité, étaient devenues chrétiennes. Et même, ce sont nos pays qui ont porté la Bonne Nouvelle aux extrémités de la terre, et ce jusqu’en Inde. Le fait d’être citoyens originaires signifie beaucoup pour nous, chrétiens arabes. Cela signifie que nous sommes autochtones et que nous existions avant l’Islam. Cela nous donne de la confiance, une force morale et éthique, surtout si l’on considère que certains mouvements islamistes qui sont apparus récemment veulent nier ce fait et avec une simplicité vraiment grossière ils pensent que l’Orient est musulman et l’Occident chrétien. Cependant le témoignage de l’histoire et surtout des monuments chrétiens antiques est impossible à nier.
Nous devons aussi dire – et le faire à haute voix – que nos Églises ont conservé leur foi au cours de longs siècles durant lesquels elles n’ont pas toujours eu la vie facile : elles ont continué à entourer les lieux saints de leur existence et de leurs prières, et de plus elles ont accepté la nouvelle réalité qui était arrivée de la Péninsule arabe, bien malgré elles, en contribuant à la construction de la civilisation arabe islamique dès le début et jusqu’à aujourd’hui, en particulier à l’époque de la Renaissance arabe (la Nahda) du dix-neuvième siècle. Les éléments qui ont permis de conserver la foi chrétienne au long des siècles sont au nombre de deux : la liturgie et l’éducation domestique. La liturgie parce que les hymnes religieux qui la composent plus particulièrement sont imprégnés des dogmes et sont devenus une partie de la vie quotidienne du peuple chrétien, en particulier à l’époque où il était analphabète. Et la maison, parce qu’elle a été et continue à être la première école de la foi.
Des églises du Calvaire.
Quand je dis Calvaire je pense à la longue histoire tourmentée et douloureuse que nos églises ont connue. Les églises d’Orient ont continué à prospérer jusqu’à la conquête islamique (VII siècle) et après elle pendant encore deux siècles environ. À Umm Rasas près de Madaba, on trouve les restes d’églises qui remontent à la fin du neuvième siècle. Depuis cette époque nos Églises ont connu une nouvelle situation : elles sont devenues une minorité. Des quinze siècles que nos Églises ont vécus avec l’Islam certains ont été positifs et d’autres difficiles, surtout la fin de l’époque abbasside, fatimide (969-1171), mamelouke (1250-1517) et pour terminer ottomane (1517-1918). Au long de ces époques, le pourcentage de chrétiens arabes a progressivement diminué. Il est vrai que l’Islam n’a que rarement obligé les chrétiens à changer de religion sous la menace de l’épée, mais la question de la jizya (l’impôt exigé des non-musulmans) et des autres tributs, les restrictions et la discrimination effective, qui s’ajoutent à la pauvreté matérielle, ont fait en sorte que le nombre de chrétiens s’est réduit fortement (ils représentaient 80 % dans les premiers siècles de l’Islam, 50 % au temps des Croisades, 20 % au XIXe siècle, et 5 % aujourd’hui).
Malgré cela l’Église n’a pas disparu. Il est vrai que de nombreuses personnes ont quitté le pays et continuent à le faire, mais les chrétiens qui ont persévéré dans leur foi ont conféré à cette réalité un sens spirituel ; ils l’ont surnommée « l’Église du Calvaire », l’Église de la douleur, de l’incompréhension et de la Croix – la pierre du scandale dont parla le vieux Siméon et le disciple n’est pas au-dessus du maître comme l’a dit le Seigneur. Mais l’idée que les Églises chrétiennes dans les pays arabes sont « l’Église du Calvaire », si cela peut être beau du point de vue spirituel et dogmatique, cela n’en reste pas moins difficile à vivre dans la vie concrète, jour après jour. Les chrétiens sont une minorité dans tous les pays arabes et leur pourcentage oscille entre 10 % en Égypte et 1,2 % en Palestine pour arriver à presque zéro dans les pays du Maghreb. Vivre en tant que minorité pendant des siècles a créé une psychologie « minoritaire » qui n’est pas agréable. La minorité a peur, la minorité recherche une protection, la minorité flatte les autorités au pouvoir pour qu’elles leur donnent des garanties pour leur vie, la minorité grossit le plus petit problème et l’exagère, la minorité a peur de s’engager politiquement, la minorité préfère profiter de la douleur d’autrui et a peur de descendre dans l’espace public ou de s’engager dans l’action politique. Et quand certains chrétiens s’impliquent dans l’action politique, ils le font à partir d’une appartenance de parti, et non ecclésiale.
Mais l’Église du Calvaire n’est pas seulement une question de mentalité (majorité/minorité). Récemment des cas se sont produits où des églises de certains pays arabes ont été l’objet de persécutions déclarées : le Liban du Sud en 1860, les assyriens en Irak dans les années Trente du siècle dernier, les coptes dans la seconde moitié du XXe siècle et encore actuellement. En ce qui concerne ce qui se produit maintenant en Syrie, il ne fait aucun doute que [en ligne de principe] cela touche le syrien chrétien autant que le syrien musulman, mais en même temps les mouvements islamistes extrémistes prennent ouvertement les chrétiens pour cible.
Une des conséquences les plus dangereuses du fait d’être une Église du Calvaire, souffrante et réduite en nombre, est l’exode des chrétiens arabes. Émigrer en soi est un phénomène qui est propre à toutes les époques et à tous les pays. Les chrétiens des pays arabes l’ont connu à partir du XIX siècle. Dans le passé, les causes les plus importantes étaient la condition économique à l’époque de la domination turque, en particulier au Liban, en Syrie et en Palestine. Il est clair aujourd’hui que ces pays arabes qui vivent une situation politique difficile voient une émigration plus soutenue. Par exemple, le pourcentage des chrétiens palestiniens sur les terres palestiniennes est de 1,2 % tandis que le pourcentage de chrétiens palestiniens dans les pays d’émigration atteint 10 %. L’aspect le plus dangereux du phénomène de l’émigration est que les pays arabes perdent leurs éléments chrétiens les meilleurs, les personnes jeunes et instruites, ce qui augmente la responsabilité de ceux qui restent dans leur patrie pour pourvoir à la subsistance des personnes âgées, des enfants et des jeunes. Les différentes Églises essayent d’enrayer l’exode de plusieurs moyens : matériels, en construisant des maisons pour les jeunes familles et en essayant de leur trouver un travail fixe (pour ne faire qu’un exemple, plus de 30 % des chrétiens palestiniens travaillent dans des institutions ecclésiales) et des écoles de haut niveau (les écoles et les universités se comptent par dizaines à Bethléem, Amman, Ibillin, Beyrouth et Bagdad). En même temps, elles essayent de souligner combien la présence chrétienne dans les pays arabes est une mission spirituelle qui vient de Dieu et que tous sont appelés à vivre, malgré les difficultés. Certains en sont convaincus, mais la pensée du futur de leurs enfants reste la plus forte. En somme, les Églises peuvent faire beaucoup de choses et de nombreuses activités pour renforcer la présence chrétienne, mais elles ne peuvent pas prendre la place des jeunes compétents. La solution idéale pour arrêter l’exode reste le rétablissement de la sécurité, de la paix et de la justice parce qu’il est erroné de penser que ceux qui émigrent trouvent un travail et un futur meilleur. Église du Calvaire oui, Église de la douleur oui, mais cette croix de douleur l’Église la porte avec le Seigneur crucifié et avec la force qui provient de lui. Les Églises dans les pays arabes savent, disent et répètent que c’est Dieu qui a voulu que nous soyons dans les pays arabes pour vivre notre religion et lui rendre témoignage dans le lieu et au moment où il nous a fait naître. Si il nous a voulu chrétiens arabes, c’est pour que nous vivons notre foi dans la tente arabe et parmi nos frères compatriotes musulmans et juifs. Autrement il nous aurait créés chrétiens dans un autre pays de ce vaste monde. Pour cette raison, les Eglises dans les pays arabes vivent leur croix mélangée à la gloire de la résurrection. Et j’en viens ainsi au troisième et dernier point de mon intervention.
Église de la résurrection.
Le premier fondement de cette expression est la foi. Notre foi chrétienne nous dit en effet que la croix n’est pas la parole finale de l’œuvre de rédemption. La parole finale est la résurrection, qui est le fondement de notre foi. Saint Paul dit : « Et si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine. Mais le Christ est ressuscité ». Pour cela nous répétons ce qu’a dit le Pape François le Vendredi Saint de cette année : « La mort n’est pas un mur contre lequel nous fonçons, la mort est une porte à travers laquelle nous passons vers une vie de gloire ». Et nous disons : « être Église du Calvaire ce n’est pas un destin inéluctable à vivre la tête baissée, être Église du Calvaire c’est notre voie pour arriver à l’Église de la gloire, pour partager la gloire avec le Christ après avoir partagé avec lui sa passion sur le Calvaire ». Notre Église est celle de la résurrection également parce qu’elle continue la mission du Seigneur dans les pays où sa voix ne cesse de retentir, sur les montages et dans les plaines. Elle continue la mission évangélisatrice du Seigneur par la parole explicite et surtout par le témoignage de vie. En effet le témoignage de vie, comme le dit le pape Benoît XVI dans son encyclique Deus Caritas Est, est plus importante que l’annonce explicite que certaines circonstances rendent difficiles. Elle continue la mission du Christ avec ses innombrables institutions éducatives, humanitaires, sanitaires et sociales – il suffit de regarder l’annuaire du Patriarcat latin de Jérusalem. Et les autres Églises ne sont pas en reste. Elle est l’Église de la résurrection dans ses paroisses actives dans tous les pays arabes et dans la jeunesse engagée. Il est impossible de compter les mouvements apostoliques des Églises du monde arabe. Je vous donnerai une esquisse rapide de l’Église en Jordanie : 40 prêtres, plus de 150 religieuses, 60 écoles catholiques, 5 hôpitaux chrétiens, de nombreux dispensaires, des mouvements de jeunesse qui regroupent plus de 3000 jeunes autant de scouts, un secrétariat général pour la jeunesse et un autre pour les scout(e)s, un secrétariat général des conseils paroissiaux (avec plus de 150 membres), un secrétariat général pour le mouvement des jeunes familles (plus de 200 familles se réunissent chaque mardi), un secrétariat général pour les servants d’autel (plus de 400), l’association des mères chrétiennes (des centaines), puis la Caritas qui compte 150 employés et où collaborent plus de 1200 volontaires. Nos Églises sont vivantes et la vie est un signe de la résurrection.
Nous sommes une Église de la résurrection pour le rôle prophétique que nous exerçons dans les différents conflits que vit le monde arabe ces derniers temps. La voix de l’Église en Palestine et au Liban, en Égypte, en Syrie et en Irak essaye d’être la voix de la vérité. Une voix qui invite à refuser la violence, les guerres, le terrorisme, le meurtre et la vengeance. Une voix qui invite à établir la justice, la justice telle qu’elle est enseignée par l’Église à partir de la lettre du Pape Jean XXIII Pacem in terris et qui affirme qu’il n’y a pas de paix sans justice, ni de paix sans charité ni de paix sans pardon ni réconciliation. Si les pays arabes continuent de vivre une situation confuse – espérons que c’est un travail d’accouchement vers des sociétés meilleures – la raison est que le premier fondement, la justice, est encore absent. La mission de l’Église dans tous ces conflits, après l’appel à la justice et à la paix, est l’action pour la réconciliation et le pardon entre les parties qui se combattent. Il s’agit d’une action que seules les églises chrétiennes peuvent réaliser, parce que le pardon est fondamentalement une catégorie chrétienne. En effet, dans la mentalité islamique et hébraïque, nous trouvons rarement l’invitation au pardon gratuit, donné et reçu. La mentalité juive est celle du talion « d’oeil pour oeil et dent pour dent » et dans la mentalité musulmane nous trouvons le proverbe de ce bédouin qui se venge quarante ans après un événement et commente « J’ai agi rapidement ».
Et pour terminer, nos Églises dans le monde arabe sont des Églises de la résurrection pour leurs vocations sacerdotales et à la vie consacrée. Si Dieu nous a fait passer à travers de nombreuses épreuves et crises, il nous a épargné la crise des vocations. Nos séminaires ont un bon nombre d’étudiants et on peut dire la même chose des noviciats religieux. Un nombre significatif de jeunes femmes arabes a commencé à entrer dans les ordres, pas seulement locaux. C’est une grâce de Dieu pour laquelle nous le remercions
Mgr Maroun Lahham
Archevêque émérite de Tunis
Pour beaucoup de nos contemporains chrétiens, l’expérience de vie en pays musulman va se limiter à un voyage professionnel, à un séjour touristique ou à quelques semaines de vacances, en immersion totale pour certains. En amont, quelques échanges avec des proches « qui y sont allés », une lecture attentive du Guide du Routard ou du Guide Bleu, une recherche sur Internet ou quelques plongées dans une série documentaire évitent de tomber dans quelques réflexions schématiques à souhait et favorisent un regard positif sur la réalité. Il en résulte alors une découverte d’une autre culture et de l’impact d’une religion méconnue, tant dans la vie sociale et quotidienne des gens que sur l’architecture, l’urbanisme et la politique d’un pays.
La situation du chrétien partant vivre à l’étranger plusieurs mois, voire plus années, est toute autre car, au fil des jours, il se confronte à une réalité nouvelle, tout en restant confrontée à la mondialisation qu’il a connue par ailleurs. Il lui faut alors distinguer entre ce qui se ressort de son appartenance au monde du XXIème siècle, de sa citoyenneté qui lui donne un statut précis et de sa foi qui irrigue sa vie spirituelle.
Rapidement, il comprend qu’un étranger a des droits et devoirs bien différents des nationaux et que ceux-ci dépendent de la bonne volonté de l’autre. Par ailleurs, surtout s’il vient de France, pays connu pour sa laïcité, il se sent rapidement confiné dans une foi qu’il ne peut que rarement extérioriser, alors que tout aux alentours témoigne de la foi musulmane : l’appel à la prière entendu cinq fois par jour, le port de vêtements et voiles particuliers, des modes alimentaires spécifiques et, pendant le mois du ramadan, un rythme de vie chamboulé. S’il a la chance de pouvoir quitter les quartiers favorisés pour déambuler dans les quartiers populaires ou se déplacer dans la campagne, il perçoit également que le religieux s’immisce aussi dans les salutations et les gestes.
Se pose alors à lui la question de sa propre foi. Il peut se sentir agresser dans ce qui fait son identité. « Je ne peux témoigner ouvertement du Christ ! » pense-t-il au plus intime de lui-même. Il peut également se poser la question de sa propre foi. Il l’avait peut-être quelque peu oubliée, voire carrément mise au placard. Au contact de l’islam, il prend conscience que ses racines sont autres et qu’elles l’ont marqué profondément, puisqu’elles viennent à lui manquer. Il peut en résulter une double demande : connaître la religion de l’autre, revisiter sa propre religion. Lectures, visites, échanges viennent alors nourrir sa réflexion.
C’est peut-être alors que se posera la question de fond, à savoir le pourquoi de l’existence dans le plan de Dieu des trois religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et le l’islam. Comment appréhender tout cela quand, dans le Credo de l’Eglise, est affirmé qu’en Christ tout homme est sauvé et que la Révélation y a trouvé sa plénitude. Or le juif et le musulman portent un autre regard sur ce Jésus qui est, pour lui, Chemin, Vérité et Vie (Jean 14,6). De plus, la communauté musulmane n’a de cesse de rappeler qu’avec la transmission de la Parole coranique à Mohammed s’est clôturée la Révélation divine.
Pourtant, peu à peu, quelque chose de mystérieux se passe, à savoir que la foi du chrétien grandit au contact de l’autre, différent, et qu’il enrichit ainsi sa propre découverte du mystère de Dieu. Comme le rappelle par ailleurs Mgr Jean-Paul Vesco, la foi de l’autre l’interroge car il perçoit dans le fidèle musulman un vrai chercheur de Dieu. Le chrétien fait alors cette expérience que, « grâce à la prise au sérieux de cette foi de l’autre, [il] peut entrevoir un Dieu plus grand que [ses] certitudes et avancer [lui] aussi sur un chemin de conversion ».
Ainsi, dans ce temps vécu en pays musulman, prennent consistance les textes donnés par l’Eglise catholique depuis plus de cinquante ans.
Dans Ecclesiam Suam 67, Paul VI écrivait : « L’Eglise doit entrer en dialogue avec le monde dans lequel elle vit. L’Eglise se fait parole ; l’Eglise se fait message ; l’Eglise se fait conversation ». En pays musulman, le chrétien est invité à prendre le temps de converser et de dialoguer, non dans un sens apologétique, mais dans une quête de découvertes mutuelles à recevoir.
Jean-Paul II, quant à lui, soulignait dans Redemptoris missio 29 (7 décembre 1990) : « Nous ne pouvons pas céder à la peur, ni au pessimisme. Nous devons plutôt cultiver l’optimisme et l’espérance. Le dialogue inter religieux et interculturel entre chrétiens et musulmans ne peut pas se réduire à un choix passager. C’est en effet une nécessité vitale, dont dépend en grande partie notre avenir ». En pays musulman, le chrétien est invité à oser témoigner d’optimisme et d’espérance, non pas pour ne pas déplaire à son interlocuteur, mais pour essayer d’entrer dans la compréhension de son paradigme.
Quant au Pape François, il n’est pas en reste. Il déclarait ainsi le 2 octobre 2016 à Bakou : « Pas de « syncrétisme conciliant », pas d’« ouverture diplomatique qui dit oui à tout pour éviter les problèmes » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 251), mais dialoguer avec les autres et prier pour tous : voilà nos moyens pour transformer les lances en faucilles (cf. Is 2, 4), pour faire surgir l’amour où se trouve la haine et le pardon où se trouve l’offense, pour ne pas se lasser d’implorer et de parcourir les chemins de paix ». Avant de lancer cet appel : « Que les religions, dans la nuit des conflits que nous sommes en train de traverser, soient des aubes de paix, des semences de renaissance parmi les dévastations de mort, des échos de dialogue qui résonnent infatigablement, des voies de rencontre et de réconciliation pour réussir là où les tentatives des médiations officielles semblent ne pas être suivies d’effets ! ». En pays musulman, le chrétien se sent alors conforté à aller vers les hôtes du pays dans lequel il réside pour vivre de la fraternité et du partage, afin de construire un monde pluriculturel où chacun est respecté dans sa spiritualité et sa culture.
P. Vincent Feroldi,
Chargé des relations avec l’Islam à la CEF
Les chrétiens en Iran sont une petite minorité.La Religion d’État, comme on peut le lire dans l’article 12 de la Constitution de la République islamique, est l’Islam chiite duodécimain. Toujours sur la base du même article, les autres dénominations musulmanes – Hanafite, Chaféite, Malikite, Hanbalite et Zaydite – jouissent d’une liberté totale dans la pratique de leur croyance religieuse.
De plus, l’art. 13 de la Constitution déclare que les « iraniens zoroastriens, juifs et chrétiens sont les seules minorités religieuses reconnues qui sont libres d’accomplir leurs rites religieux dans les limites des lois islamiques ».La reconnaissance officielle prévue par la Constitution permet doncaux minorités de célébrer leurs rites, d’enseigner leur langue et leur culture dans leurs écoles, d’avoir et d’appliquer leurs statuts personnels dans des domaines comme le mariage, le divorce et la succession.
Elles ont aussi leurs représentants officiels à l’Assemblée du Conseil islamique (Parlement), actuellement composée de 290 membres. Les représentants des minorités sont donc cinq : un respectivement pour les Zoroastriens, les Juifs et les Chrétiens Assyro-chaldéens, et deux pour les Arméniens : un pour ceux du Nord et l’autre pour ceux du Sud de l’Iran. Malgré cette reconnaissance qui doit être interprétée à l’intérieur du cadre et des limites de la loi islamique, les chrétiens et les autres minorités continuent d’être discriminés, par exemple dans l’accès à des emplois publics, à la carrière militaire, à la magistrature et au service diplomatique. Les mariages mixtes ne sont pas permis si la partie chrétienne ne se convertit pas à l’Islam et les enfants de mariages mixtes, même s’ils sont baptisés à la naissance, sont toujours considérés comme musulmans. On ne trouve pas facilement des Bibles en persan (la Société Biblique iranienne fut fermée en 1990) et l’enseignement des différentes religions de chaque minorité dans les écoles doit utiliser les manuels préparés par le Ministère de l’Éducation.
Les chrétiens locaux sont donc considérés comme des citoyens de seconde catégorie dans leur pays et ils se ressentent ainsi. À ce propos, cela vaut la peine de rappeler l’article 19 de la Constitution : « Le peuple d’Iran, quelle que soit son origine ethnique ou tribale, jouit de droits égaux : la couleur de la peau, la race, la langue ou d’autres éléments ne constituent pas une raison de privilège ni de discrimination ».
Le mot « religion » manque dans l’article cité et il ne s’agit pas d’une omission fortuite, parce qu’on en déduit que ceux qui ne sont pas les fidèles du Chiisme « ne jouissent pas des mêmes droits ».
Pour confirmer cela, l’article 20 stipule : « Dans le respect des normes islamiques, tous les individus citoyens de la nation, aussi bien hommes que femmes, sont égaux face à la protection de la loi et jouissent de tous les droits humains, politiques, économiques, sociaux et culturels ». Ces normes islamiques sont appliquées par exemple dans les cas de succession.
Il faut souligner aussi que, à l’exception de plusieurs cas de convertis et des membres d’autres minorités religieuses (zoroastriens et juifs), il y a un lien très étroit entre la religion et l’ethnie: quelqu’un est généralement chrétien parce qu’il est arménien ou assyrien ou chaldéen etc. Les autres sont automatiquement considérés comme musulmans. Les convertis de l’Islam sont appelés, dans le milieu chrétien, « chrétiens-nés musulmans ». Pour l’Islam, ces personnes sont des apostats et leur crime est considéré comme une offense capitale. En septembre 2008, le parlement iranien a approuvé un nouveau code pénal qui prévoit la peine de mort pour les apostats et pour ceux qui quittent l’Islam. La proposition n’a pas encore été ratifiée par le Conseil des Gardiens, mais elle montre l’attitude du régime envers l’apostasie et les conversions et elle donne une preuve supplémentaire que la liberté de culte règne en Iran, mais pas la liberté religieuse.
Ces dernières années, les pressions ont augmenté envers les églises et les leaders religieux. Plusieurs églises protestantes ont été fermées à Téhéran et dans les provinces, et pratiquement tous les chefs religieux sont empêchés de célébrer en persan.
Quelques chiffres
La présence des chrétiens depuis 1979 jusqu’à aujourd’hui s’est réduite de manière significative. Au début de la Révolution, on comptait environ 300 000 chrétiens sur une population de 42 millions d’habitants. Actuellement, ils sont moins de 100 000 (peut-être seulement 80 000) sur une population totale de 78 millions.La majorité des chrétiens est constituée par l’Église Apostolique Arménienne (65 000-70 000). Ensuite vient l’Église Assyrienne d’Orient (6000), puis l’Église Russe et Greco-orthodoxe, qui comptent très peu de fidèles. Les protestants sont surtout membres de l’Église Épiscopale Évangélique et des Assemblées de Dieu.De nombreux pasteurs de ces églises ont quitté le pays et ont fondé des communautés qui parlent le persan à l’étranger, en Europe, aux USA et au Canada. Ce sont des communautés très actives sur internet et sur les télévisions satellitaires, qui transmettent en persan et sont très suivies aussi en Iran.
Les chrétiens catholiques sont divisés en trois rites : assyro-chaldéen, arménien et latin, et cinq diocèses (trois de rites assyro-chaldéen à Téhéran, Urmia-Salmas et Ahwaz, un de rite arménien et un de rite latin).
La population catholique est très réduite. Les deux évêques assyro-chaldéens soutiennent que leurs communautés respectives comptent entre 1500 et 2000 fidèles, tandis que les latins, en comptant aussi les étrangers qui travaillent temporairement en Iran, sont environ 2000. Les catholiques des trois rites et des cinq diocèses ne dépassent pas 7000 membres, c’est-à-dire environ 10 % de la communauté chrétienne (orthodoxes, catholiques et protestants) et 0.01 de la population totale de l’Iran. L’Église catholique compte maintenant trois évêques, un administrateur apostolique, 12 prêtres, 14 religieuses, deux laïcs consacrés.
Il y a sept églises à Téhéran (une arménienne, deux assyro-chaldéennes, quatre latines). Une église assyro-chaldéenne se trouve à Urmia et une autre à Hamedan, une latine à Ispahan et une autre à Tabriz. Des églises des diocèses assyro-chaldéens ont été ouvertes dans plusieurs villes, comme Ahwaz, Qazvin, Kermanshah et d’autres villages qui entourent Salmas, mais sans prêtres ni religieux résidents, le clergé étant de passage occasionnel.
Après la Révolution Islamique de l’été 1981, presque deux tiers des prêtres et des religieuses étrangers présents dans le pays furent obligés de le quitter. Mais la faiblesse qui en découla dans les années suivantes favorisa de nouvelles vocations. Ces vingt dernières années ont germé les vocations de six Filles de la Charité, trois sœurs missionnaires du Saint-Esprit, quatre nouveaux prêtres de l’Église Assyro-chaldéenne, un prêtre Lazariste de rite assyro-chaldéen, un prêtre salésien de rite arménien et une laïque consacrée.
Un phénomène qui continue à affaiblir profondément la réalité chrétienne en Iran est celui de la « fièvre » migratoire, qui pousse de nombreuses familles à quitter le pays à la recherche d’un futur, surtout dans des pays chrétiens. On dénombre en particulier trois phases migratoires : la première durant la guerre entre l’Iran et l’Irak, lorsque de nombreux jeunes abandonnèrent le pays pour ne pas devoir aller au front ; la deuxième remonte à la moitié des années 90 et la troisième a commencé en 2005.
(Article paru dans OASIS)
En minorité face aux sunnites, les 3 % de chrétiens bénéficient d’une protection spéciale en Jordanie. Non considérés comme dhimmis, au contraire « ils sont bien intégrés et en aucun cas discriminés par le régime », selon Hana Jaber, chercheuse associée au Collège de France. L’alliance entre les chrétiens et la monarchie se concrétise par une implication dans la vie politique et économique : ils représentent 9% du Parlement, 6% du Sénat, et contrôleraient 30% de l’économie du pays en 2016. Ceci en fait « une minorité aisée, respectée », d’après le docteur chrétien Kamel Abu Jaber, ancien ministre de l’économie et des affaires étrangères et directeur de l’Institut royal d’études inter-religieuses.
Comment expliquer cette bienveillance royale ?
Tout d’abord, les chrétiens revendiquent vivement leur appartenance arabe. Présents depuis des millénaires sur le sol jordanien, ils constituent le socle de la société au même titre que les musulmans, avec qui ils partagent une histoire, un combat commun pour la cause palestinienne, ainsi que la majorité des coutumes culturelles et sociales. Comme l’exprimait le roi Abdallah II, dans un discours au Parlement Européen en mars 2015, « les chrétiens arabes font partie intégrante du passé, du présent et du futur de notre région ». Il a également précisé en novembre dernier, à la chaîne de télévision australienne ABC, que les musulmans, juifs et chrétiens devaient entreprendre ensemble la lutte contre l’EI. Le monarque n’a pas hésité à déclarer : « C’est l’ennemi qui veut créer cette atmosphère qui nous oppose à eux. Et c’est là, je pense, que nous allons tomber dans des problèmes majeurs au cours des prochaines années. Nous sommes tous dans le même bateau contre ce que je continue d’appeler les hors-la-loi de notre religion ».
Les points négatifs de la cohabitation
Si la Jordanie éprouve des difficultés face à la montée du fanatisme islamiste, cela n’inquiète pas encore les chrétiens. « Pas grand-chose à ajouter à ce que les évêques et les dirigeants disent toujours à propos de la sagesse de la famille royale, qui se soucie de tous les Jordaniens sans discrimination […]. Peut-être y a-t-il un fondamentalisme croissant à certains endroits, mais le Roi ne les soutient certainement pas et appelle toujours à l’unité et la collaboration de tous les citoyens du pays », explique Abouna Vito Vacca, prêtre italien à Smakieh, au sud de Karak. Razan, l’une de ses jeunes paroissiennes, renchérit : « Notre roi est très bon avec nous. Il dit à propos des chrétiens que nous salons la terre ». Comme l’ensemble de ces communautés chrétiennes, elle est respectueuse et reconnaissante.
Toutefois Razan ne cache pas que la cohabitation est parfois difficile avec les musulmans, d’autant plus pour les femmes. Leur condition sous l’Islam impose aux chrétiennes les mêmes précautions qu’aux touristes occidentales : pas de provocation, des vêtements amples et étoffés, une grande discrétion dans les lieux publics. De plus, l’infériorité numérique, ainsi que les différences religieuses et morales, impliquent « une psychologie fragile qui se traduit par la recherche d’une protection étrangère, le repli identitaire, l’exagération de faits anodins, la peur de descendre sur la place publique », comme l’exprime Monseigneur Maroun Latham. Ainsi les chrétiens vivent en toute sécurité, malgré leur faible nombre. Cependant leurs différences avec les musulmans se concrétisent par un fort communautarisme.
Source : Aleteia
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