Dans un livre vitaminé qui s’adresse d’abord aux prêtres mais pourra toucher tous les baptisés, le franciscain François Bustillo invite à revenir à la source du Christ pour envisager autrement la tempête que traverse l’Église et y déceler un potentiel de créativité et de renouvellement.
À rebours de nombre de livres écrits par des prêtres comme s’ils voulaient consoler leurs confrères ou consolider les murs d’une citadelle assiégée par des maux extérieurs, celui-ci suggère un comportement tout autre. Jusqu’à faire l’éloge de l’inconfort d’où peuvent émerger des attitudes nouvelles, porteuses d’inventivité et de solution d’avenir !
« Cette dimension inconfortable est pour tous les prêtres un domaine de conversion et de créativité, assure François Bustillonon sans audace. Dans l’inconfortable, nous devons inclure le manque de vocations, le vieillissement des prêtres, la fragilité numérique et l’âge canonique de nos assemblées, la désaffection des familles et des enfants, l’éloignement des jeunes, la pauvreté de moyens etc. »

Quand la tempête fait vaciller les esprits, incitant à la peur et au découragement, c’est vers le Christ que les prêtres doivent se tourner, comme au premier jour de leur envoi par l’évêque, au nom de l’Église tout entière. S’appuyant précisément sur le passage de la tempête apaisée (Mc 4, 37-41), l’auteur le dit sans ambages : « Par l’autorité de Jésus, les disciples passent de la peur à la confiance, de l’agitation au calme, du doute à la foi (…) Jésus dort ? Non, Jésus nous réveille ! »

Pour se “réveiller”, il faut d’abord soigner son intériorité, pour se connaître soi-même, ses limites comme ses péchés et connaître Dieu ; il faut aussi ordonner ses journées, pour laisser la première place à la prière, s’accorder une récollection mensuelle et une retraite annuelle ; il faut s’extraire des soucis et de la tristesse existentielle qu’ils peuvent susciter, pouvoir compter sur un réseau solide de relations amicales pour retrouver la joie profonde du ministère.
Un beau programme que chacun, prêtre ou laïc, pourrait redécouvrir à l’occasion du Carême.

 

Ed. Nouvelle Cité, janvier 2021, 240 pages, 20 euros