« Venez à l’écart, dans un lieu désert et reposez-vous un peu » (Marc 6,31)
Les vacances estivales sont certainement le meilleur moment pour s’interroger sur le sens du mot « repos ».
Dans l’Ecriture Sainte il existe plusieurs mots pour exprimer la notion de repos. Retenons-en simplement deux. La racine shavat signifie arrêter un travail pour se reposer : on se repose lorsqu’on cesse une activité, un travail ayant entraîné une certaine fatigue. La fatigue peut-être physique mais aussi mentale. C’est donc un retour au calme, à la paix intérieure, à la tranquillité du corps et de l’esprit après un temps d’agitation physique ou intérieure.
Ajoutons que la confiance est un facteur indispensable pour bénéficier d’un véritable repos qui devient alors source de sérénité profonde. Nombreux sont ceux qui aujourd’hui recherchent ce repos par toutes sortes de pratiques plus ou moins spirituelles ou sportives comme le yoga, C’est à partir de cette même racine qu’est construit le mot Shabat qui signifie le jour du repos hebdomadaire. Nous pouvons lire dans le livre de la Genèse (ch. 2, verset 2) : « Le septième jour, Dieu se reposa de toute l’œuvre qu’il avait faite. Dieu bénit ce jour et le consacra comme un jour à part car ce jour-là il s’était reposé. » Puis au livre de l’Exode (Ex. 20.11).: « souviens-toi du jour du Shabat pour le sanctifier : tu travailleras six jours mais le septième jour, c’est le Shabat du Seigneur ton Dieu. Tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui habite chez toi, car en six jours Dieu a fait le ciel, la terre et la mer et tout ce qui s’y trouve et il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi Dieu a béni et sanctifié ce jour. »
Prendre des vacances, n’est-ce pas rompre avec les occupations habituelles, s’éloigner pour prendre du recul, goûter un certain délassement ? Mais vacances et repos ne sont pas toujours synonymes ! Voici quelques pistes de réflexion tirées de la Parole de Dieu.
L’homme est à la recherche du repos notamment après le travail mais aussi après la guerre
« Voici que toute la terre est tranquille et en repos » (Za 1,11).
« Le peuple épargné par le glaive va bientôt goûter le repos » (Jr 31,2).
Il a le souci de faire se reposer celui qui est fatigué
« Voici un lieu de repos, faîtes se reposer celui qui est épuisé » (Is 28,12).
« Venez à l’écart, vers un lieu désert » recommande Jésus à ses fidèles disciples harassés. En effet « les gens allaient et venaient nombreux » et ils n’avaient même pas le temps de manger » ! (Mc 6,31s).
L’homme ne trouve pas toujours le repos auquel il aspire
Jérémie, accablé par sa mission « ne trouve pas de repos » (Jr 45,3).
Jésus Lui-même, comme les prophètes, « n’a pas où reposer la tête » (Mt 8,20 / Lc 9,58).
Job se plaint de n’avoir « ni calme, ni tranquillité, ni repos ».
Quant à Jérusalem, « elle ne trouve pas de repos » (c’est-à-dire une stabilité de situation face à ses ennemis – Lm 1,3).
Mais Dieu veille à ce que ses enfants trouvent des lieux de repos.
« Dis-moi, toi que mon cœur aime où tu fais paître ton troupeau, où tu le fais reposer à midi… » (Ct 1,7).
« Il me fait reposer près des verts pâturages, Il me conduit vers les eaux tranquilles » (Ps 23,2).
Le « lieu de repos » est un lieu choisi par le Seigneur : « lieu choisi par le Seigneur votre Dieu pour y faire demeurer Son Nom… » (Dt 12,11).
Dieu aussi cherche un « lieu de repos » : « Quelle maison allez-vous me bâtir, dit le Seigneur, et quel sera le lieu de mon repos ? »
Quelles sont finalement les conditions d’un vrai repos ?
N’est-ce pas, aujourd’hui comme hier dans la Bible, de pouvoir trouver un endroit adéquat à l’écart de toute agitation ? Le judaïsme est une formidable école car c’est une religion du temps, avec un rituel tendant à la sanctification du temps : « Chaque heure est unique et infiniment précieuse » (Abraham Heschel, « Les bâtisseurs du temps »).
Le temps offert à Dieu est rythmé par un certain nombre de fêtes pour le Seigneur dont le Shabbat, signe d’Alliance avec Dieu, qui est la fête la plus importante des fêtes juives. La sanctification du repos se vit dans la prière, personnelle et communautaire, à la Synagogue dans la rencontre fraternelle avec les autres membres de la communauté, mais également dans le rituel familial, et l’étude de la Parole de Dieu. « Faire Shabbat » c’est savoir se déposséder des biens matériels, apprendre à faire sa place à Dieu, à se défaire de l’ illusion que l’on peut dominer les êtres et les choses. C’est l’occasion d’une ascèse qui est source d’enrichissement et de joie.
Se mettre à l’écart, pour un temps afin de se reposer, c’est refuser que le monde nous impose son rythme en rompant cette cadence d’une vie trépidante, se distancer de tous les déterminismes, les slogans qui nous assaillent, refuser toutes les formes d’esclavage moderne afin de « rendre à Dieu ce qui est à Dieu », dans la quiétude d’un lieu propice, de relations renouvelées, de découvertes, libératrices de nouveaux comportements.
Mgr Robert Poinard,
Aumônier Général
Tenté par le silence des moines ?
Direction une belle abbaye !
Et avant de découvrir notre liste de lieux de retraite voici quelques conseils.
1. Attention, clôture ! Bon à savoir : les monastères ne sont pas mixtes ! De ce fait, dans une abbaye de femmes, les hommes ne peuvent ni passer la clôture ni pénétrer dans les pièces communautaires, ni partager le repas des sœurs au réfectoire. Leur participation à la vie conventuelle se limite donc aux offices. Même chose pour les femmes chez les moines ! Pensez-y !
2. Un séjour en abbaye se prépare ! Il est rare que les abbayes organisent des retraites « clés en main » avec prise en charge, enseignement et animations spécifiques. Si vous voulez être suivi personnellement par un frère ou une sœur, précisez-le au monastère à l’avance. Le moine ou la moniale vous aidera à organiser vos journées pour qu’elles soient spirituellement fructueuses.
3. Quelle drôle de vie ! Vous serez étonnés : le rythme de la vie monastique ne ressemble en rien à celui de votre existence trépidante et stressante de citadin. Vous trouverez peut-être que la vie est lente, morne et répétitive ! Ne fuyez pas ! Acceptez de vous donner un peu de temps pour vous couler dans ce rythme. C’est à cette seule condition que vous comprendrez quelque chose à la vie des moines et participerez à leur quête spirituelle.
4. Silence, on prie ! Il paraît que Dieu parle dans le silence ! Laissez chez vous votre téléphone mobile, votre ordinateur portable et votre radio… et savourez enfin la paix qui se dégage du lieu.
5. Et on aide ! Vous serez sans doute logé à l’hôtellerie, dans ce cas vos repas vous seront préparés. A vous d’aider à débarrasser les table et à faire la vaisselle ! Certaines abbayes proposent des logements indépendants. A vous de voir… mais n’oubliez pas qu’un séjour dans une abbaye c’est aussi participer à la vie collective. On y fait des rencontres surprenantes !
Où aller ?
Voici des abbayes que nous avons choisies pour vous. Il y en a d’autres ! N’hésitez pas à demander des renseignements, en particulier sur la liturgie. Après tout vous n’êtes pas obligé d’aimer le chant grégorien…
Solesmes : l’abbaye est située à trois km au nord-est de Sablé-sur-Sarthe, sur la D 22. La gare SNCF la plus proche est celle de Sablé, sur la ligne Paris-Nantes. La participation à la liturgie grégorienne reste le point fort de toute visite en ces lieux. Elle a fasciné des générations de chrétiens et de non-croyants.
Abbaye Saint-Pierre, 72300 Sablé-sur-Sarthe.
Tél. : 33(0)2 43 95 03 08 ; fax. : 33(0)2 43 95 68 79
Ganagobie : on accède à Ganagobie par la N 96 que longe l’autoroute A 51. L’abbaye est située à équidistance de Manosque et de Sisteron. Sur l’A 51, sortir à Pyruis-la-Brillanne. La gare est à Brillanle. Cette abbaye bénédictine organise pour des chefs d’entreprise des colloques de réflexion sur l’éthique dans l’entreprise.
Abbaye Notre-Dame : 04310 Ganagobie.
Tél. : 33(0)4 92 68 00 04 –
Sylvanès : l’abbaye de Sylvanès est située au sud de l’Aveyron au cœur du Rouergue. On y accède par l’A 75 que l’on prend jusqu’à Millau ou depuis Montpellier en remontant jusqu’à Lodève. Suivre les panneaux Abbaye de Sylvanès. Gare SNCF : Tournemire-Roquefort. À la gare, téléphoner à l’abbaye. La liturgie est célébrée en français. Chaque année voit se dérouler un festival international d’art sacré. Le centre culturel propose de nombreuses activités de formation, de production et de diffusion en musique, théâtre et arts picturaux. Des stages d’art floral liturgique, de chant ou encore des conférences théologiques complètent ces propositions.
Abbaye de Sylvanès : 12360 Camares.
Tél. : 33(0)5 65 98 20 20
Tamié : perchée à 900 mètres d’altitude, dans le massif des Bauges, Tamié et sa communauté cistercisenne perpétuent de nos jours la lecture trappiste de la règle de saint Benoît. Plusieurs mois par an, la réclusion monastique est accentuée par le tapis de neige qui l’enveloppe. L’abbaye ne se visite pas mais elle accueille les retraitants. La gare SNCF est celle d’Albertville.
Abbaye Notre-Dame, 73200 Plancherine.
Tél. : 33(0)4 79 31 15 50 –
ET ICI TOUTES NOS ADRESSES avec notre guide des monastères
Annuaire des lieux monastiques
L’été arrive à grand pas : vous voulez occuper vos mois de juillet et août, et vous cherchez des idées ? Pèlerinages, bénévolat, festivals, sessions, retraites…
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Vacances : du temps disponible. Pourquoi ne pas en consacrer quelques jours, ou une semaine ou plusieurs, à un déplacement atypique, à des activités alternatives : culturelle, spirituelle, de solidarité, de découverte, un rendez-vous avec soi-même ou avec d’autres, connus ou inconnus !
Voici quelques propositions du service de la Mission Universelle, Conférence des Évêques de France.
Bonus : Une liste de vacances atypiques pour jeunes se trouve dans le guide Partir .
Dossier réalisé par l’équipe des CCFM