1 – L’importance des funérailles dans la pastorale de l’Eglise.

Le seul événement à venir dont nous soyons absolument sûrs c’est que nous allons mourir un jour ! Ce n’est pas seulement une réalité humaine inexorable. C’est aussi, pour tous ceux qui entourent un défunt, parents ou amis, une expérience inattendue, douloureuse, toujours délicate. Elle fait surgir en nous des questions habituellement enfouies ou refoulées sur la vie humaine, son sens, sa fragilité. Elle permet parfois de révéler la force des liens qui unissent les gens entre eux, en famille et en société. La question de « l’au-delà de la mort » réveille en chacun de nous des sentiments mêlés, emprunts de fatalisme et d’espérance.

Chacun expérimente ainsi un chemin d’incertitude, entre le constat d’une disparition définitive de la personne, et l’appel profond d’une foi assurée en la résurrection des morts.

L’Eglise fait de la foi au Christ mort et ressuscité, l’axe essentiel de son message de salut. Elle proclame que nous sommes faits à l’image de Dieu, pour aimer et être aimés, et que cette histoire sacrée ne se termine pas avec la mort physique. La Vie donnée par Dieu ne saurait retourner au néant. Nous croyons donc que la Résurrection du Christ ouvre au défunt que nous accompagnons, les portes d’une vie éternelle de bonheur et de paix. C’est donc un acte de foi profond, calme et serein, qui préside à toute cérémonie chrétienne des funérailles. C’est ainsi que l’Eglise rend ce service décisif de la Révélation du Christ : « Je suis venu pour qu’ils aient la Vie et qu’ils l’aient en abondance ! » Evangile de Jean 10, 10.

– La cérémonie des funérailles célèbre la mémoire vivante de l’être cher disparu.

– Elle veut entourer d’affection et soutenir les proches et les amis du défunt.

– Elle engage tous les participants dans une voie d’espérance en la Vie éternelle. Elle les encourage à poursuivre le chemin, dans le respect des autres et de la vie sur terre.

2 – Les funérailles aujourd’hui en France.

– La place de plus en plus importante de l’hôpital et des pompes funèbres.

On meurt de moins en moins chez soi, et de plus en plus à l’hôpital. Les habitudes du deuil ont changé. Quand la mort survient, toute famille est obligée d’entrer dans une suite complexe de démarches administratives et financières. On va au plus pressé, et on est souvent soulagé de trouver la compréhension et le professionnalisme du personnel des « pompes funèbres » qui travaillent en respectueuse collaboration avec les paroisses.

– La chute du clergé est une réalité objective. Dans un diocèse qui comptait encore 1200 prêtres il y a 50 ans, ils sont environ 450, avec une moyenne d’âge de 78 ans. Les prêtres ont des ministères diversifiés avec de très grandes paroisses : il ne leur est pas toujours possible de présider des funérailles. Aussi, depuis un certain nombre d’années, les évêques autorisent des laïcs, officiellement formés et mandatés, à conduire les funérailles chrétiennes. On se souvient que les obsèques ne sont pas un sacrement ; elles ne requièrent donc pas la présence d’un prêtre. Cette responsabilité confiée aux laïcs est indispensable et si elle a pu heurter quelques sensibilités au début, elle est maintenant tout à fait admise. Les laïcs mandatés assurent ce service pastoral avec une grande disponibilité et une grande compétence.

– La célébration se fait désormais selon un rite commun à tous, avec ou sans Eucharistie. Certes, on peut faire une cérémonie des funérailles au cours d’une messe. C’était la règle autrefois. C’est encore le cas lorsqu’il s’agit d’un défunt qui fut pratiquant et acteur régulier de la vie paroissiale. Ne tirons pas de ces situations exceptionnelles de nouvelles classes ! (1° classe : avec un prêtre et une messe – 2° classe : avec un prêtre, mais sans messe -3° classe : cérémonie avec un « simple laïc » !)  Il s’agit simplement de respecter au mieux la cohérence des convictions religieuses du défunt. Des personnes se disent elles-mêmes « croyantes, mais non pratiquantes ». On peut s’étonner qu’elles veuillent une Eucharistie à leurs funérailles, alors qu’elles s’en sont privées leur vie durant ! L’Eucharistie n’est pas un « gadget décoratif » pour « améliorer » une cérémonie d’obsèques. Et il n’y a rien de plus navrant que de prévoir une messe pour une assemblée où les gens ne communient pas et restent muets pour la prière du Notre Père.

La difficulté vient parfois de familles très éloignées de toute préoccupation spirituelle, mais qui demandent une cérémonie à l’église, parce que c’est l’usage. Elles sont souvent pressées d’en finir, et quelquefois agacées de devoir la préparer.

Elles semblent étonnées que le célébrant (laïc ou prêtre) pose quelques questions de conviction ou de foi. Encombrées de préjugés et de clichés d’une époque révolue, ces familles déplorent l’absence des prêtres, ne sachant plus rien de leur vie, ni de leur ministère.

Bien entendu, les prêtres et laïcs responsables s’efforcent de les accueillir avec la même attention que tous les autres, soucieux de les voir entrer dans une démarche de foi et une conversion à l’esprit de l’Evangile.

Quand quelqu’un dit « Je ne veux pas être enterré comme un chien », il souligne déjà que l’Homme est revêtu d’une grande dignité et que, quelle que soit la complexité de son itinéraire humain, il y a toujours en lui les germes d’un amour qui le propose à la sainteté, c’est à dire au statut d’un être aimé de Dieu et sauvé en Jésus-Christ. C’est cela d’abord qui doit motiver toute démarche pour célébrer des funérailles chrétiennes.

 

3 – Le rituel des funérailles.

Un temps d’accueil et de salutation. Après l’invitation liturgique du prêtre, un membre de la famille peut évoquer sobrement la vie du défunt, qu’elle aura préalablement présentée au célébrant.

Un rite de la lumière et de la Croix. Le défunt, baptisé, a reçu la Lumière du Christ. Il a su en rayonner de diverses manières et transmettre cette flamme de l’amour du Christ à ses proches. C’est aussi un temps de pardon et de réconciliation pour la part de ténèbres et de ruptures dans la vie du défunt.

Une liturgie de la Parole. Textes de l’Ancien et du Nouveau Testament rappellent à l’assemblée le sens de la Vie que le défunt a pu emprunter et qui s’offre à ceux qui poursuivent leur chemin. On évoque les Sources de la Vie.

Un temps de prières à Dieu. La prière universelle élargit au-delà de la famille l’attention de Dieu pour toute situation où l’homme souffre et espère, et que rassemble ensuite la prière du Notre Père.

Le dernier adieu, avec l’aspersion. La bénédiction avec l’eau qui rappelle le baptême, avec l’eau qui rappelle la Vie, c’est une manière de « dire du bien » et d’offrir un geste de bienveillance à l’égard de la personne défunte. C’est permettre à tous les membres de la famille et de l’assemblée de sceller une communion entre eux et celui qui s’en va, entre eux et Celui qui l’accueille. Chacun perçoit, au-delà d’une peine légitime, les bras ouverts du Père des miséricordes et de l’amour infini qui nous espère et nous attend.

 

P. Michel Clémencin