Le vendredi 14 octobre midi, nous avons eu le privilège de rencontrer le Pape François.
Nous étions un petit groupe de 6 personnes de Los Angeles qui étions à Rome pour participer à la rencontre des communautés catholiques francophones du monde entier. Au total nous étions 2 évêques, 13 prêtres, diacres et religieuses, 40 laïcs, 20 communauté francophones, venus de tous les continents et nous représentions 15 pays.
Notre groupe avait rendez-vous à midi pour rencontrer le Pape dans une des magnifiques salles du Vatican.
Après un mot de présentation fait par l’évêque chargé de la mission de l’Église de France dans le monde, par la conférence épiscopale française, le Pape nous a adressé quelques réflexions.
Je vais essayer de partager avec vous les points que le Pape a remarqués comme étant importants dans son discours.
Il est évident que le Pape n’écrit pas personnellement tous ses interventions. En revanche, il donne à ses collaborateurs les idées qu’il veut transmettre à chaque groupe spécifique pour qu’ils puissent écrire son intervention en fonction de ces idées.
Il lit attentivement son discours et quand il arrive à un point que lui-même a demandé d’inclure dans son intervention, alors il s’arrête, il « sort du papier » et il fait le commentaire nécessaire pour expliquer pourquoi ce point spécifique doit être souligné.
Le pape François s’est adressé à nous en italien et tous les participants avaient reçu, avant que le Pape arrive à la salle, la traduction écrite en français. Nous étions quelques-uns à comprendre l’italien et après l’audience je me suis réuni avec deux d’entre eux et nous avons essayé de pointer les sujets que le Pape avait traité comme « importants ».
Chaque fois qu’il sortait de son texte il disait : « ceci est vraiment important ».
L’entrée du Pape dans la salle et toute notre rencontre ont été très émouvantes. Nous avons pu voir clairement les difficultés qu’il a pour marcher, la joie et la paix que son visage rayonne dans ses moments de rencontre.
Le Pape s’est assis devant nous pour nous parler. Ensuite il nous a reçu un par un pour nous saluer. Je lui ai transmis le bulletin de notre paroisse du 28 août 2022 dans lequel je le remerciais d’avoir accompli la mission pour laquelle l’Esprit Saint l’a choisi et que ses frères cardinaux lui ont confiée quand ils l’ont élu évêque de Rome. Je lui ai demandé de prier pour les membres de notre communauté et pour tous les besoins que les uns et les autres me confient tous les jours.
Après avoir salué tous les membres de notre groupe et d’offrir à chacun un chapelet de souvenir, il est venu s’assoir au milieu de nous pour les photos du groupe. Il nous a bénit. Ensuite il s’est retiré avec les personnes qui l’ont accompagné et qui l’aidaient à marcher.
Un des gardes suisses que j’ai rencontré m’a dit que ce jour-là, le Pape avait 8 audiences privées. Cela doit être très éprouvant et doit demander beaucoup de concentration pour passer d’une langue à l’autre et pour rester présent et à l’écoute des gens qui viennent du monde entier.
Voici les mots que nous croyons que le Pape avait choisis pour construire son message pour nous.
La rencontre
Le parlement
Le discernement
Le désordre
La peur
La rencontre. Le Pape a dit que toute vraie rencontre transforme nos vies. Il a donné quelques exemples de rencontre dans la Bible. Abraham et les trois inconnus dans le désert. Marie et sa cousine Elisabeth. Jésus et la Samaritaine. Dans les vraies rencontres nous découvrons la présence de Dieu.
Le parlement. Le Pape savait que le thème de notre présence à Rome était le synode sur la synodalité de l’Église. Le pape François nous a dit qu’il est important de s’écouter. D’écouter les plus petits et ceux qui n’ont pas de voix. De parler et de dialoguer mais d’éviter de tomber dans un « parliamento » (parler pour parler, parler sans rien dire, parler sans écouter). Il a dit aussi que l’Église n’est pas un parlement ou une démocratie où la majorité décide et croit avoir raison.
Le discernement. Le Pape a beaucoup insisté sur l’importance du discernement. Il croit profondément que nous devons écouter la voix de l’Esprit Saint qui parle à chacun et qui s’exprime par la voix de tous les fidèles. C’est pour cela qu’il a invité tous les baptisés et tous les hommes et les femmes de bonne volonté à écouter l’Esprit Saint et à partager avec les autres ce que l’Esprit dit aujourd’hui à l’Église et au monde. Le Pape est convaincu que l’Esprit Saint parle toujours et que le silence et la prière de chacun et des communautés sont indispensables pour que nous puissions discerner le chemin que l’Esprit Saint nous montre.
Le désordre. Ce mot a été beaucoup développé. Le pape François a commencé par parler de la Pentecôte et du désordre que la venue de l’Esprit Saint avait produit dans la communauté rassemblée. Grâce à l’Esprit Saint, les disciples se sont mis à parler et à comprendre la langue de tous. Ils sont partis dans le monde entier. Ils étaient capables de parler et de se défendre devant les tribunaux. Ils ne craignaient plus d’annoncer l’Évangile.
La peur. Le Pape sait qu’il y a beaucoup de gens qui craignent le changement. Il sait qu’il y a des personnes qui paniquent devant l’inconnu. Devant les réformes qu’il a réalisées. Ces années de Pontificat, il a trouvé beaucoup de réticences de la part de ceux et celles qui n’aiment pas changer. Qui s’installent dans leurs habitudes et qui ne désirent pas être bousculés par des idées ou des chemins nouveaux. Le Pape nous a dit qu’il fallait avancer, regarder l’aujourd’hui et le futur et non pas rester immobiles dans le passé.
Il a fini son discours en nous demandant, comme il l’a fait depuis le premier jour de son élection, de prier pour lui.
J’ai toujours remercié le Seigneur de nous avoir donné Jorge Bergoglio comme Pape et aujourd’hui je prie pour lui et pour sa santé. Sa mission n’est pas simple et maintenant qu’il a fait beaucoup de réformes dans l’Église, il désire qu’elles soient mises en pratique.
P. Germán
Le 30 octobre 2022