Le Père David Journault, Prêtre fidei donum au Cambodge depuis 2018, en charge de deux paroisses cambodgiennes, en plus de la Communauté catholique francophone, témoigne comment il a accueilli la nouvelle version francophone du Missel romain et comment il jongle entre langue maternelle et langue locale dans sa vie spirituelle.
Je me souviens de la publication, en 2002, de la « typica tertia », version latine actuellement en vigueur du Missel romain. On s’attendait à une traduction rapide dans toutes les langues… Il aura finalement fallu 21 ans pour voir arriver cette nouvelle version francophone sur nos autels !
Au Cambodge, nous avons pu rapidement mettre cette nouvelle traduction en place, dans le courant de l’Avent car, à la faveur d’un bref séjour en France, en novembre 2021, j’ai pu me procurer un Missel et le rapporter. J’ai aussi réalisé un petit feuillet qui est distribué aux fidèles à chaque messe, avec les nouvelles prières, et notamment ce qui a changé depuis la version antérieure. L’apprentissage des nouvelles réponses se fait petit à petit… et ce n’est pas simple, tant les anciennes paroles sont ancrées dans nos mémoires. C’est aussi valable pour moi : prêtre depuis quatorze ans, nombreuses sont les prières de la messe que je connaissais par cœur, et que je n’avais plus besoin de lire dans le Missel. Désormais, il me faut prendre le temps d’ouvrir le Missel à la bonne page pour lire les prières nouvellement formulées. C’est d’autant plus long à intégrer que je ne célèbre la messe en français qu’une fois tous les quinze jours.
Ici, la messe est partout célébrée en khmer, la langue du Cambodge. Chaque week-end à Phnom Penh sont aussi célébrées trois messes en anglais et une en coréen. Pour le coréen, je ne sais pas de quand date la nouvelle traduction mais le texte anglais date de 2010, et le khmer de 2017. À noter que la version khmère reste pour l’instant « ad experimentum », car c’est une langue que le Saint-Siège est incapable de corriger pour le moment : personne au Vatican ne connaît le khmer !
Cette nouvelle traduction est une occasion pour nous réapproprier les prières de la messe, et combattre la routine : cela nous oblige à vraiment penser à ce que nous disons ! Car le danger est toujours présent d’être en « pilotage automatique » quand nous utilisons des prières que nous connaissons par cœur. Prêtre fidei donum au Cambodge depuis 2018, en charge de deux paroisses cambodgiennes, en plus de la CCF, j’ai dû réapprendre à célébrer la messe et tous les sacrements, à proclamer l’Evangile, à prier avec les fidèles, dans une langue complètement différente du français… Cela m’oblige, encore aujourd’hui, à peut-être mieux préparer mes célébrations, à être plus attentif aux lectures car il m’est totalement impossible d’improviser, tant la langue khmère est compliquée à déchiffrer et à prononcer. Ma prière personnelle est en français (le bréviaire notamment), et ma prière liturgique est essentiellement en khmer. Deux langues, deux cultures, deux histoires, qui dialoguent pour proclamer une seule et même foi !
David Journault, fidei donum du diocèse de Laval
Aumônier de la CCF de Phnom Penh (Cambodge)
Pour aller plus loin :
- Découvrez le N° 2 de mai 2022 de la Revue “Courrier Mission et Migrations” du SNMM dans lequel ce témoignage a été publié.
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