19 10 2014
Thérèse de Jésus est né il y a tout juste cinq cents ans, le 28 mars 1515. Nous entrons dans une année de jubilée marquée par le jour de sa fête qui est aussi le jour de sa mort, le 15 octobre 1582.
Puisque nous remettons les Ecritures aux CE2, c’est avec Thérèse que je vais essayer de dire ce qu’il en est de la Bible pour les disciples de Jésus. Je n’aime pas bien parler de la bible parce qu’il ne s’agit pas d’un livre, mais d’une bibliothèque avec plus de soixante quinze livres, parce que nous ne sommes pas une des religions du livre, comme le disent les Musulmans. Nous sommes les disciples d’une personne Jésus, qui est lui, la parole. Et les Ecritures ne sont que la trace que des hommes ont rédigée au passage de la parole en leur vie.
Thérèse aimait lire. Elle rapporte que son papa « possédait de bons livres pour que ses enfants puissent lire ». Mais elle n’a jamais eu de bible. A cette époque, les Ecritures sont disponibles en latin, mais Thérèse ne le comprend pas, et même âgée, elle le comprend très mal. Certes, depuis quelques décennies, on les traduit. Mais l’Eglise de la majorité des évêques et théologiens, l’Eglise de l’Inquisition n’aime pas cela. De fait, la Bible est un livre qui n’est pas très facile à comprendre. Et s’il tombe dans les mains de « personnes simples et illettrées », « de femmes » comme dit Thérèse, celles-ci ne vont rien comprendre, pire, elles vont comprendre de travers !
Que les Ecritures ne soient pas un texte facile, nous le savons nous aussi. Mais nous avons changé de manière de voir. Nous pensons que tous doivent apprendre à les lire. C’est bien aussi pour cela qu’il y a du caté. On pourrait juste se demander si les adultes n’ont pas aussi besoin de caté ! Les Juifs qui lisent une partie des Ecritures comme le faisait Jésus font de l’étude des Ecritures, de la Torah le véritable exercice spirituel. Ainsi, nous vous avons remis ce livre il y a un instant. Certes, comme au temps de Thérèse, comme toujours, le commentaire est important, et c’est ce que je suis en train de faire.
Thérèse n’a pas de bible mais elle connaît les Ecritures, ne serait-ce qu’à force d’aller à la messe et de réciter l’office, comme tous les moines. Pour elle, c’est sûr, c’est la parole de Dieu ; les évangiles sont même la parole de Jésus, ce Jésus qu’elle aime tant et dont elle porte le nom, Teresa de Jesus.
Si l’on demande à Thérèse de citer les paroles des Ecritures qu’elle aime le plus, viennent d’abord de très nombreuses phrases des évangiles, puis des lettres de Paul, des psaumes, dont celui que nous venons de chanter, et du Cantique des cantiques, un poème d’amour. Je vous l’ai dit, Thérèse aime Jésus, elle est amoureuse de Jésus dont elle veut être l’épouse, comme dans le Cantique. On raconte qu’un enfant la croise dans l’escalier du monastère et lui demande son nom. Elle répond : « Thérèse de Jésus. Et toi qui es-tu ? » « Je suis le Jésus de Thérèse ». Expression de cet amour incroyable.
Il faut dire que pour Thérèse, ce qui fait qu’on est vraiment disciple de Jésus, c’est que l’on est uni à lui. Voilà des citations chères à Thérèse : Paul aux Galates, « ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi », ou encore l’évangile de Jean « si quelqu’un écoute ma parole, mon Père l’aimera. Nous viendrons chez lui, nous ferons chez lui notre demeure. »
Bien sûr, les Ecritures, ce n’est pas un enregistrement ni un autographe de Dieu. Mais à les garder dans son cœur, elles transmettent dans le silence la parole de Dieu, c’est-à-dire son amour. Elles dilatent le cœur (Ps 118,32) comme s’il prenait toute la place dans la poitrine. C’est aussi doux que douloureux. On voudrait embrasser Jésus et l’on reste les bras vides.
Pour lire ainsi les Ecritures, il faut sans doute être aidé. Et Thérèse a recourt aux savants de son temps, à ceux qui ont fait des études. Elle les tient en haute estime et le préfère même aux spirituels. Elle-même est une spirituelle, mais elle sait que sans l’intelligence, la spiritualité est illusion. Elle ne craint rien tant que l’illusion, celle de se croire spirituel alors qu’on est pécheur. Elle parle tout le temps du diable qui est celui qui vient nous tromper dans les illusions.
Il faut effectivement reconnaître que les Ecritures ne sont pas toujours faciles à saisir. Mais qui s’en étonnerait s’il s’agit de parler de Dieu, de laisser Dieu parler en écoutant des paroles humaines ? Mais il ne faut pas se laisser impressionner. Les Ecritures ne racontent qu’une seule chose, l’amour de Dieu pour nous. St Augustin avait déjà écrit que si l’on ne lit pas l’amour dans les Ecritures, c’est qu’on les a mal lues. Thérèse le dit à sa façon à ses religieuses :
« Lorsque vous rencontrez dans la Sainte Ecriture ou dans les mystères de notre foi des choses que vous ne comprenez pas, ne vous y arrêtez pas… Mais pour l’amour de moi, réfléchissez à l’amour que Dieu nous a témoigné et vous reconnaîtrez qu’un amour si puissant, si fort, ne peut s’exprimer que par des paroles étonnantes. »
Reste juste à se laisser étonner, à aimer ces Ecritures, pour entendre l’amour de Dieu qui s’y murmure ainsi qu’une brise légère.