Le dimanche est un jour travaillé dans certains pays du Moyen-Orient, comment les catholiques qui y vivent habitent-ils ce temps ?
Voici quelques témoignages de Laure, Catherine, Sophie et Dorothée recueillis pour la revue Initiales N° 253 de Mars 2019, éditée par le Service national de la catéchèse et du catéchuménat (SNCC).  

 

 

 

Laure a vécu en Libye et en Jordanie avec sa famille

« J’ai trouvé un grand besoin de marquer le dimanche et je me forçais à faire une belle table, à allumer des bougies, à choisir de beaux bénédicités… si on y réfléchit bien le samedi soir, la veille du dimanche, c’est déjà dimanche en fait. Nous allions à la messe le samedi soir et nous faisions de cette soirée un moment très festif !
Je ne vous cache pas qu’en Libye, ce fut très difficile pendant le temps de Noël : impossible de trouver le moindre sapin, pas la moindre boutique vendant des décorations. Mine de rien, cela participe à une ambiance et à une préparation pour nos enfants… Ce Noël-là n’est pas un bon souvenir. En Jordanie, il y avait parfois une messe en français le dimanche soir et nous avons pu observer que, des gens qui n’étaient pas pratiquants en France, s’y rendaient volontiers et participaient à la répétition de chorale en semaine afin de retrouver la communauté française. C’était donc un lieu d’évangélisation ! »

 

 

 

Catherine et Sophie à propos de leur vie à Dubaï

« Avec le week-end décalé à vendredi et samedi, dimanche finit à la longue par être le nom d’un jour comme les autres dans l’organisation d’une semaine. Il est toujours possible de célébrer le dimanche, mais ce ne sont pas les messes en français. La présence de la communauté francophone, et le souci de maintenir le lien avec des francophones, nous pousse presque tous à venir aux messes du samedi matin (à Jebel Ali, dans le désert) ou du samedi soir (à Oud Metha, en ville) célébrées dans notre langue maternelle. Ayant choisi la messe du samedi soir, le choc pour nous ne fut jamais rude, puisque nous pouvions aller à la messe sans partir travailler ensuite. C’est aussi une manière d’accueillir ou de retrouver des membres de la communauté francophone et la catéchèse se fait le samedi matin à Jebel Ali.
Ce qui est plus perturbant, c’est la déconnexion des grandes fêtes (Noël, Pâques, Toussaint, Ascension, Pentecôte…) qui ne sont pas fériées. Nous célébrons Noël et Pâques un jour travaillé, la messe ici est alors en fin d’après-midi pour la communauté francophone. Pour Noël, les enfants sont en vacances, mais pour Pâques, ce n’est pas toujours le cas. Ils viennent alors après l’école, les parents sortent plus tôt de leur travail, ce qui crée une ambiance très spéciale. Peutêtre moins « fête » mais plus fervente d’une certaine manière. Vivre le week-end musulman renforce l’envie de faire encore plus partie de la paroisse. Ce sentiment nous a été rapporté par plusieurs personnes : vivre loin des « bases » renforce l’attachement ou la nécessité de s’y rattacher… Les années passées à Dubaï sont intenses car malgré le fait d’être une communauté minoritaire (avec deux églises) par rapport aux 900 mosquées, nous n’en sommes pas moins une communauté vivante, audacieuse et bien tolérée par la population locale. »

 

 

 

Dorothée vit à Bethléem

« Nous avons résolu, pour nous, le “problème” de la messe en pays musulman en allant à l’abbaye de la Résurrection à Abugosh, communauté olivètaine française où nous sommes nourris spirituellement et amicalement. Il faut faire quelques kilomètres et quelquefois faire preuve de patience dans les bouchons !
Nous avons la chance d’avoir un groupe de haltes spirituelles, groupe organisé depuis quelques années déjà qui nous permet de découvrir de nouvelles communautés religieuses, d’autre religions telles que le judaïsme. Nous avons eu des conférences au Centre oecuménique de Tantur, ou avec les congrégations religieuses implantées localement. Pour les « expats » de Jérusalem un groupe Scouts et Guides de France a été monté par des parents. Il peut être un peu contrariant d’aller à la messe et de devoir aller travailler ensuite le dimanche. Mon mari a résolu le problème en décalant ses week-ends qu’il prend désormais comme en France. Le personnel administratif de l’hôpital où il travaille, à majorité chrétien ne travaille pas le dimanche. »

Témoignages recueillis par le service des Communautés catholiques francophones dans le monde (CCFM) et mis en page par le SNCC.
Voir l’article de la revue Initiales N° 253.