Il est des civilisations disparues dont la mémoire a franchi les millénaires, grâce non seulement aux divers témoignages archéologiques et scripturaux qu’elles ont laissés, mais encore à des personnalités déterminantes qui les symbolisent. C’est ainsi que nous pouvons nous reporter environ deux mille cinq cents ans en arrière, dans la Perse achéménide présentée de façon très positive dans la Bible, en la personne du roi Cyrus II dit « le Grand ».

Fils de Cambyse, roi de Perse[1], Cyrus, né à une date indéterminée entre 600 et 570 avant l’ère chrétienne, règne à la mort de son père de -559 à -530, année de sa propre mort. En conflit militaire avec le puissant roi des Mèdes dont la Perse est vassale, son grand-père Astyage (dont sa mère est la fille), il finit par emporter la victoire en – 549 en s’emparant d’Ecbatane, la capitale mède. Cette victoire lui permet d’unifier les royaumes perse et mède[2]. Cyrus entreprend ensuite une vaste politique de conquêtes et, dix ans plus tard, il soumet à son tour Babylone, mettant ainsi fin au grand empire néo-babylonien de Nabuchodonosor II, alors gouverné par son descendant Nabonide, roi de -556 à -539. Se présentant comme le successeur de ce dernier, il prend le titre de roi de Babylone, mais la Babylonie perd dans la région la place centrale qui était la sienne lorsqu’elle était un royaume indépendant, en raison de l’importance des territoires inclus désormais dans l’empire perse.

En effet, depuis le début de son règne quelque vingt ans auparavant, Cyrus a considérablement étendu son empire qui finit par englober tous les territoires de l’Asie centrale au Proche-Orient jusqu’à la Méditerranée[3]. C’est lors d’une campagne menée contre les Massagètes, tribu nomade vivant dans les déserts méridionaux qui correspondent aux Kazakhstan et Ouzbékistan actuels, que, selon l’historien grec Hérodote, il trouva la mort en -530. Son fils Cambyse II qui lui succéda fit revenir sa dépouille à Pasargades[4] (dans l’actuel Fars), et la fit placer dans le mausolée, encore visible de nos jours, qu’il aurait fait construire de son vivant, et pour lequel il avait rédigé cette épitaphe : « Passant, Je suis Cyrus le Grand, J’ai donné aux Perses un Empire et J’ai régné sur l’Asie, Alors ne jalouse pas ma tombe. »

Mausolée de Cyrus à Pasargades, la capitale de Cyrus

À la suite de la prise de Babylone en octobre -539, Cyrus avait publié sur un cylindre d’argile, selon l’usage des rois vainqueurs, une déclaration rappelant notamment ses victoires et les principes nouveaux, et humanistes avant la lettre, qui avaient orienté ses décisions politiques. Cette déclaration[5], qualifiée en 1971 par l’ONU de « première charte des droits de l’homme », promouvait en effet la prise en compte du bien-être des populations gouvernées par l’égalité des droits pour tous les membres de l’empire, ce qui entraînait de facto l’abolition de l’esclavage, le respect des biens individuels, la liberté de culte et de croyances pour tous les individus, impliquant l’entretien par l’État des nombreux lieux de culte aux diverses divinités vénérées par les peuples de l’Empire. Déjà, en Perse même, le Grand Roi pourvoyait aux besoins des cultes des divinités non iraniennes vénérées par les populations élamites qui habitaient seules la région, avant la venue des Perses.

« Cylindre de Cyrus », découvert en 1879 à Babylone

De fait, les rois perses n’ont jamais imposé leur propre idéologie dans les territoires conquis ; au contraire, ils se sont présentés comme les successeurs du roi déchu et les continuateurs des traditions locales. C’est pourquoi, sans renier sa propre religion, de même qu’il honorait Baal en Phénicie, Cyrus favorisa à Babylone la reprise du culte du dieu national Marduk, négligé par Nabonide qui avait privilégié celui du dieu-lune Sîn, dont sa mère était l’une des prêtresses.

Symbole du dieu-Lune Sîn entre ceux de Shamash (le soleil) et d’Ishtar (l’étoile) – (1186–1172 av. J.-C.), Musée du Louvre

Sa conduite empreinte d’humanité et de respect envers tout humain et toute croyance est à mettre en relation avec la religion officielle des Perses achéménides en Perse même, puis étendue progressivement aux royaumes mède, parthe et sassanide, lorsque les Perses s’y installèrent à la suite des conquêtes de Cyrus d’abord, puis de celles de ses successeurs. Il s’agit du mazdéisme qui oppose en permanence deux dieux, l’un représentant les forces du bien, Ahura-Mazda (ou Ormuzd) et Ahriman, personnifiant le Mal, l’esprit destructeur (qu’on pourrait rapprocher de Satan), avec le triomphe définitif, à la fin, d’Ahura Mazda. Cet antagonisme qui préserve la responsabilité humaine, du fait de la liberté de choix de chaque humain, rendait celui‑ci pleinement responsable de ses actes dont il lui faudrait rendre compte à sa mort, en raison de la croyance en la vie dans l’au-delà. Aux justes étaient promis les plaisirs du paradis, tandis que les pécheurs auraient à expier leurs fautes en enfer. On retrouve dans le christianisme des traces évidentes d’une telle conception de la responsabilité humaine impliquant la vie réservée dans l’au-delà – d’ailleurs déjà exprimée en Égypte, dès le IIe millénaire avant notre ère. Ainsi, un papyrus illustrant Le Livre des Morts, qui a connu de nombreuses versions suivant les dynasties, présente la scène de la pesée de l’âme du défunt reproduite ci‑dessous : on voit en bas le défunt conduit devant le tribunal d’Osiris, le roi du Royaume des morts assisté d’autres divinités, tandis qu’est effectuée la pesée de son âme qui décidera de son sort futur : soit être admis dans la suite d’Osiris et devenir dieu lui-même, soit disparaître à tout jamais, avalé par le monstre à l’affût au pied de la balance

Livre des morts des Anciens Égyptiens, papyrus d’Hounefer (XIXe dynastie)

On comprend donc que la croyance mazdéenne en une rétribution post mortem ait favorisé la tolérance. Elle dictait en outre une morale très exigeante fondée sur la recherche du bien et le rejet du mensonge, l’un des pires péchés dont l’humain puisse se rendre coupable. Ses vertus cardinales étaient la justice, la probité, la charité et la tempérance. S’y adjoignaient en particulier, outre un certain nombre de prescriptions de purification dont la confession, l’humilité, l’oubli des injures, le refus de la vengeance et la nécessité d’honorer la mémoire des parents défunts. La loi du talion de même que la loi du plus fort étaient donc exclues : là encore des échos s’en trouvent dans l’enseignement de Jésus.

Couverture du catalogue de l’exposition sur Babylone au musée du Louvre, du 14 mars au 2 juin 2008

Au contraire, c’est par la contrainte que les souverains assyrien et babylonien avaient fortifié leur autorité sur les populations vaincues, les Samaritains dans le premier cas, et les Judéens dans le second. Ainsi, Nabuchodonosor était intervenu à deux reprises dans le royaume de Juda pour mater la révolte du roi Joaquin, en – 597, puis celle du roi Sédécias, en -586. Les deux fois, le Temple et le palais royal avaient été pillés, le butin emporté à Babylone[6], et des milliers de personnes, (rois et leur famille, élites sociales et forces économiques du pays, soit tous ceux qui pouvaient combattre et produire – officiers, artisans et forgerons) avaient été déportées. En outre, la reddition de Jérusalem en – 586 avait entraîné la destruction totale de la ville et du Temple ; non seulement les troupes babyloniennes avaient violé et massacré une partie de la population, mais Nabuchodonosor avait appliqué des mesures radicales afin d’éviter toute possibilité de revanche aux vaincus : il avait fait égorger les enfants du roi Sédécias en sa présence, avant d’ordonner que les yeux lui soient crevés, et de le conduire à Babylone solidement enchaîné[7].

Après sa victoire en -539, c’est un comportement à l’opposé qu’adopta Cyrus : il manifesta une grande mansuétude envers les Judéens de Babylone, en leur restituant tous les objets précieux de culte emportés par son prédécesseur. De plus, le souverain autorisa tous les Hébreux à retourner à Jérusalem, liberté dont beaucoup ne profitèrent pas, choisissant de rester à Babylone, ce qui laisse donc penser que les conditions de vie devaient leur être très favorables et qu’ils s’étaient bien intégrés. Et surtout, il incita tous ceux qui avaient choisi de retourner à Jérusalem à reconstruire le Temple, faisant lui-même des dons généreux pour permettre la réalisation de l’entreprise, et il leur accorda de grandes facilités matérielles pour leur trajet de retour. Cependant, ce n’est pas sous le règne de Cyrus le Grand que fut reconstruit le Temple, en raison de l’appauvrissement considérable de la Judée durant la période de l’exil – vu le petit nombre et le rôle économique quasi inexistant de ceux qui avaient été maintenus sur place –, et de dissensions internes entre les Judéens déportés et ceux qui étaient restés sur place. C’est pourquoi seules purent être effectuées de son vivant les fondations du Temple. Et après des vicissitudes durables, ce n’est qu’au printemps -515 qu’il put être consacré. Dès leur retour cependant, les déportés avaient recommencé à offrir quotidiennement les holocaustes prévus par la Loi de Moïse.

Cela n’enlève rien au rôle déterminant de Cyrus quant à la reconstruction du sanctuaire, rôle annoncé par des prophètes selon lesquels c’est l’impulsion de Yahvé qui dicta la conduite généreuse du Grand Roi. En effet, Jérémie avait annoncé :

« Oui, ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d’Israël, au sujet des ustensiles qui restent dans le Temple de Yahvé, dans le palais royal de Juda et à Jérusalem : ils seront emportés à Babylone (où ils resteront jusqu’au jour où je les visiterai), oracle de Yahvé. Alors, je les ferai remonter et revenir en ce lieu[8]. » (J, 27, 21-22)

Annonce en accord avec les paroles de Yahvé transmises par Isaïe :

« […] quand je dis à Cyrus : ‘Mon berger’, il accomplira mon désir ; il dira de Jérusalem : ’Elle sera rebâtie !’ et au temple : ‘Tu seras rétabli !’ Ainsi parle le Seigneur à son messie, à Cyrus, qu’il a pris par la main […]. » (Is, 44, 28 ; 45,1)

Il est intéressant de constater que, environ plus de deux cents ans après ce retour, Cyrus soit toujours perçu comme l’instrument choisi par Yahvé pour faire revenir son peuple à Jérusalem. Ainsi peut-on lire au début du Livre d’Esdras, sans doute écrit entre -330 et – 300, le texte de l’édit de Cyrus relatif à la libération des Hébreux :

« La première année du règne de Cyrus[9], roi de Perse, pour que soit accomplie la parole du Seigneur proclamée par Jérémie, le Seigneur inspira Cyrus, roi de Perse. Et celui-ci fit publier dans tout son royaume – et même consigner par écrit : « Ainsi parle Cyrus, roi de Perse : Le Seigneur, le Dieu du ciel, m’a donné tous les royaumes de la terre ; il m’a chargé de lui bâtir une maison à Jérusalem, en Juda. Quiconque parmi vous fait partie de son peuple, que son Dieu soit avec lui, qu’il monte à Jérusalem en Juda, et qu’il bâtisse la maison du Seigneur, le Dieu d’Israël, le Dieu qui est à Jérusalem. En tout lieu où résident ceux qui restent d’Israël, que la population leur vienne en aide : qu’on leur fournisse argent, or, dons en nature, bétail, qu’on y joigne des offrandes volontaires pour la maison de Dieu qui est à Jérusalem. […][10]» (Es, 1, 1-4)

Farvahar, ange gardien d’un individu, dans le zoroastrisme qui dérive du mazdéisme

Dans la logique de la rétribution qui a été celle des rédacteurs, déportés ou postérieurs à la déportation, des livres de l’Ancien Testament relatifs au sac et à la destruction de Jérusalem et de son Temple, ce sont les Judéens eux-mêmes qui ont été responsables de leur propre malheur. En effet, les rois de Juda successifs[11] et le peuple à leur suite ont fait fi des mises en garde maintes et maintes fois réitérées du prophète Jérémie notamment, en s’obstinant à faire « ce qui est mal aux yeux de Yahvé » : adorer les idoles en négligeant totalement le « dieu de leurs pères », allant même jusqu’à profaner ainsi son temple, et coutumiers des mariages mixtes cependant proscrits par la Loi. Dans cette perspective, Nabuchodonosor ne serait pas le monstre cruel que l’on pourrait penser, il est seulement l’exécutant docile dont s’est servi le Seigneur pour manifester sa fureur longtemps retenue envers son peuple infidèle.

De même qu’elle réduit considérablement les torts de Nabuchodonosor, cette interprétation, qui pose nettement la question de la responsabilité individuelle, doit alors s’appliquer de la même manière à Cyrus, dont elle relativise singulièrement alors les mérites.

Mais elle ne prend nullement en compte la liberté de tout être humain dans la réponse qu’il apporte aux situations qu’il lui est donné de vivre : pourtant, Jonas refuse, dans un premier temps, d’obéir à Yahvé qui lui enjoint d’aller annoncer à Ninive sa ruine prochaine. De même, les Judéens choisissent de mépriser, de longues années durant, les multiples menaces de Jérémie annonçant les manifestations imminentes de la colère de Dieu et la chute de Jérusalem, tandis que Cyrus applique strictement les commandements de sa religion qui l’incitaient à des actions positives à l’égard des peuples qu’il gouvernait et ainsi à respecter le « Dieu du ciel ».

Dans le Nouveau Testament, la parabole des talents (Mt, 25, 14-30) montre bien l’entière responsabilité de chacun dans ses choix : si les deux bons serviteurs ont doublé les talents (aux deux acceptions de pièce de monnaie et de dons divers) qu’ils avaient reçus de leur maître, rien n’empêchait le troisième d’en faire autant. Or, celui‑ci a préféré enterrer la pièce qui lui avait été confiée, la rendant improductive. Certes, Jonas et le mauvais serviteur ont été sanctionnés pour leur résistance à la volonté divine à proportion de leur manquement, mais ces épisodes montrent bien que Dieu a besoin de la libre collaboration des hommes pour réaliser ses desseins.

Ainsi, malgré l’écart des années, Nabuchodonosor et Cyrus sont-ils l’avers et le revers d’une même pièce de monnaie, que l’on pourrait rapprocher des deux divinités antagonistes du mazdéisme Ahura-Mazda et Ahriman. Il convient assurément de leur laisser l’entière responsabilité de leurs choix, qui ont modifié durablement le rapport du peuple juif à leur Dieu et aux textes sacrés, devenus d’une certaine manière le substitut du Temple de Jérusalem si longtemps ravagé.

Geneviève Le Motheux

[1] Le territoire, au sud-ouest de l’Iran, correspond à la province actuelle du Fars, la terre d’origine des Persans. Dans l’Antiquité, cette région était d’ailleurs appelée Perside et, du temps des ancêtres de Cyrus, avait pour capitale la ville d’Anshan. (Cartes présentées dans l’Annexe 1.)

[2] Nabuchodonosor avait lui-même déjà considérablement agrandi son empire, grâce une série de victoires successives sur les Assyriens entre -616 et -609, date de leur annexion définitive.

[3] Voir la carte de l’annexe 1, fig. 3.

[4] Ce fut la première capitale historique de l’Empire perse, fondée (dans l’actuel Fars) vers 546 av. J.-C. par Cyrus II ; elle le restera jusqu’à ce que Darius Ier déplace le siège de l’empire achéménide à Persépolis.

[5] Le texte intégral en est proposé dans l’annexe 2.

[6] Plus de dix mille personnes, lors de la première déportation, et au moins plus de cinq mille lors de la seconde, selon le texte biblique. L’importance de ces chiffres, si elle est fréquente dans l’Ancien Testament, est actuellement mise en doute.

[7] Un choix de textes bibliques correspondant à ces faits est retranscrit dans l’annexe 3.

[8] Toutes les citations proviennent de la traduction officielle liturgique de la Bible.

[9] Sur les Mèdes, à Babylone.

[10] Le texte précise ensuite que la parole de Cyrus fut tout à fait respectée et ajoute : « Le roi Cyrus fit retirer les objets de la maison du Seigneur que Nabuchodonosor avait enlevés à Jérusalem pour les mettre dans la maison de son dieu. » Le trésorier royal restitua à Shehbassar, « prince de Juda », la totalité de l’important butin, qui fut rapporté à Jérusalem.

[11] Voir dans l’annexe 3 des passages correspondants.


Annexe 1 Cartes

Fig. 1 Province du Fars, lieu d’origine du royaume des Achéménides

Fig. 2 Extension approximative de l’empire néo-babylonien sous le règne de Nabonide (556-539 av. J.-C.), dont hérite Cyrus, à la suite de sa victoire sur le roi babylonien.

Fig. 3 L’Empire perse achéménide vers 500 av. J.-C.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Texte du cylindre de Cyrus

Texte du cylindre de Cyrus[1]

 Je suis Cyrus, roi du Monde, grand roi, puissant souverain, roi de Babylone, roi de la terre d’Akkad et de Sumer, roi des quatre points cardinaux, fils de Cambyse, grand roi d’Anshan, petit-fils de Cyrus, grand roi, roi d’Anshan, fondateur d’une lignée royale, celui dont Bel et Nabû[2] chérissent le règne, celui dont le règne réjouit leur cœur.

Lorsque j’entrai dans Babylone avec l’esprit le mieux disposé, j’installai mon pouvoir dans le palais royal au milieu de la plus complète satisfaction et d’un regain de joie. Marduk, dieu suprême, fut à l’origine de l’attachement des Babyloniens à ma personne. Chaque jour, je n’oubliais pas de lui rendre grâce.

Mon armée s’installa sans difficulté au milieu même de Babylone. Je ne laissai aucun de mes soldats semer la terreur sur la terre d’Akkad et de Sumer. Je gardai à l’esprit les besoins de Babylone et de ses nombreux lieux de culte pour leur assurer une vie paisible.

Je supprimai le joug malséant qui pesait sur les Babyloniens. Je redonnai vie à leurs habitations laissées à l’abandon. Je mis un terme à leur malheur. Considérant mes actes, Marduk, suprême souverain, se réjouit, accordant sa bénédiction à ma personne ainsi qu’à celle de mon fils Cambyse, chair de ma chair, ainsi qu’à mon armée ; et pour notre part, nous rendîmes grâce à sa glorieuse divinité.

Tous les rois sédentaires assis sur leur trône partout à travers le monde, de la mer supérieure à la mer inférieure, et tous les rois nomades de la terre occidentale, tous me payaient un impôt important et baisaient mon pied dans ma ville de Babylone. Je restaurai et confortai partout les divinités dont les cultes avaient été abandonnés sous la domination des Tigris, dans les villes d’Ashur et Suse, à Agade, Eshnuna, Zamban, Meurnu, Der, et jusque sur la terre de Gutium. Je rassemblai tous les habitants et relevai leurs maisons.

Conformément au souhait de Marduk, le Dieu Puissant, je laissai sans les inquiéter demeurer dans leurs temples les divinités de Sumer et d’Akkad que Nabonide, causant alors la fureur du dieu des dieux, avait fait entrer dans Babylone. Puisse chacun des dieux dont j’ai conforté le culte intercéder quotidiennement en ma faveur auprès de Bel et de Nabû, pour prolonger mes jours ; et puissent-ils parler de moi en ces termes : « Fasse que Cyrus, le roi pieux et son fils Cambyse[3]… »

Notes

[1] Pour faciliter la lecture, nous avons choisi de présenter le texte avec des paragraphes, inexistants évidemment dans le cylindre en écriture cunéiforme (comme aussi dans les tablettes servant de support à l’écriture).

[2] Bel, divinité très importante du panthéon babylonien, est le dieu de la sagesse, possédant la science et des pouvoirs magiques et faisant preuve d’une grande compassion pour l’humanité.

Nabû est le dieu mésopotamien du savoir et de l’écriture. Attesté au XXIVe siècle av. J.-C. à Ebla en Syrie, il apparaît en Mésopotamie du Sud au début du IIe millénaire av. J.-C. Son temple principal se trouvait à Borsippa, près de Babylone.

[3] Texte incomplet car le cylindre brisé.


Les annonces de la ruine de Jérusalem

Le rôle de Nabuchodonosor dans la destruction de Jérusalem

Nabuchodonosor II, roi de Babylone

2Chroniques : 36, 5-21            

5-8 : Joakim avait vingt-cinq ans lorsqu’il devint roi [de Juda], et il régna onze ans à Jérusalem. Il fit ce qui est mal aux yeux de Seigneur son Dieu. Nabuchodonosor, roi de Babylone, monta contre lui et l’enchaîna d’une double chaîne de bronze pour l’emmener à Babylone. Nabuchodonosor emporta à Babylone une partie des objets de la maison du Seigneur et les déposa dans son palais, à Babylone. […] Son fils Jékonias régna à sa place.

9-10 : Jékonias avait huit ans lorsqu’il devint roi et il régna trois mois et dix jours à Jérusalem. Il fit ce qui est mal aux yeux de Seigneur. Au retour du printemps, le roi Nabuchodonosor l’envoya chercher et le fit emmener à Babylone, avec les objets précieux de la maison du Seigneur. Il fit roi, sur Juda et sur Jérusalem, Sédécias, frère de Jékonias.

11-21 : Sédécias avait vingt et un ans lorsqu’il devint roi, et il régna onze ans à Jérusalem. Il fit ce qui est mal aux yeux du Seigneur son Dieu, et ne s’humilia pas devant le prophète Jérémie, qui parlait au nom du Seigneur. Il se révolta même contre le roi Nabuchodonosor qui lui avait fait prêter serment par Dieu. Il raidit sa nuque et endurcit son cœur plutôt que de revenir au Seigneur, Dieu d’Israël. Tous les chefs des prêtres et du peuple multipliaient les infidélités, en imitant toutes les abominations des nations païennes, et ils profanaient la Maison que le Seigneur avait consacrée à Jérusalem. Le Seigneur, le Dieu de leurs pères, sans attendre et sans se lasser, leur envoyait des messagers [les prophètes], car il avait pitié de son peuple et de sa Demeure. Mais eux tournaient en dérision les envoyés de Dieu, méprisant ses paroles, et se moquaient des prophètes ; finalement, il n’y eut plus de remède à la fureur grandissante du Seigneur contre son peuple.
Alors le Seigneur fit monter contre eux le roi des Chaldéens [Nabuchodonosor], qui tua par l’épée les jeunes gens à l’intérieur du sanctuaire, n’épargna ni le jeune homme ni la jeune fille, ni le vieillard ni l’infirme : le Seigneur les livra tous entre ses mains. Tous les objets, grands ou petits, de la maison de Dieu, les trésors de la maison du Seigneur et les trésors du roi et de ses princes, Nabuchodonosor emporta tout cela à Babylone.
Les Babyloniens brûlèrent la maison de Dieu, détruisirent le rempart de Jérusalem, incendièrent tous ses palais et réduisirent à rien tous leurs objets précieux. Nabuchodonosor déporta à Babylone ceux qui avaient échappé au massacre ; ils devinrent des esclaves du roi et de ses fils jusqu’au temps de la domination des Perses. Ainsi s’accomplit la parole du Seigneur proclamée par Jérémie : « La terre sera dévastée et elle se reposera durant soixante-dix ans, jusqu’à ce qu’elle ait compensé par ce repos tous les sabbats profanés. »

On trouve un autre récit des deux sièges de Jérusalem et de son pillage en 2Rois, 24, 10 – 16 ; 25, 1-7 et 8-21.

Symbole de Cyrus II le Grand, Pasargades