La Communauté catholique francophone de Vienne.

Pour qui vient par le fleuve, un soir de brume, amarre sa barque à la berge et monte vers la ville, les escaliers sont longs mais un fanal guide ses pas : le clocher de Maria am Gestade, éclairé de l´intérieur comme un phare de la côte. Aux jours anciens, cette église n´était qu´une chapelle où les pêcheurs du Danube soufflaient le temps d´une oraison, en rentrant du labeur. Aujourd´hui, elle accueille la communauté catholique francophone de Vienne. Son nom est simple à traduire, nous l´appelons « Notre-Dame du rivage ».

Les francophones de Vienne sont nombreux, les catholiques francophones le sont moins, mais notre communauté rassemble de quoi remplir solidement l´église aux meilleures occasions : pour l´essentiel des fidèles belges, suisses, libanais, québécois, haïtiens, africains de l´ouest, et français bien sûr. Pour beaucoup ce sont des expatriés professionnels appelés quelque temps à Vienne, pour d´autres des couples binationaux, souvent plus stables, ou des paroissiens installés ici pour y rester. Les contributions sont variables mais le nombre des familles activement engagées oscille autour d´une vingtaine. Elles apportent à cette communauté de jeunes enfants qui sont la raison d´être d´une grande part des groupes et activités de la paroisse : catéchisme et préparation des sacrements, éveil à la foi, enfants de cœur et servantes de l´assemblée, scouts et guides.

Nos aumôniers, qui se succèdent à des fréquences variables, d´une à plus de dix années, relèvent de l´archevêque de Vienne. Ils ont été longtemps maronites, mais depuis 2012 ce ministère est assuré par le Père Clément Imbert. Il est fréquemment assisté du Père Kevin Soars, ancien aumônier de la communauté catholique de langue anglaise, et du Père Denis Cardinaux. Nous avons donc le privilège de ne pas manquer de pasteurs, dans une ville elle-même, il est vrai, largement pourvue.

Nos célébrations ont le cadre dépouillé de Maria am Gestade, donc, gothique et préservé de la vague baroque qui a frappé tant d´églises en Autriche. Préservé aussi, par chance, des attributs de l´empire dont les Habsburg ont couvert les édifices. Notre prière peut donc s´élever vers les voûtes sans errer parmi les angelots dorés, les nuées en stuc, les colonnes des trompe-l´œil, ni s´attarder aux couronnes, aux épées de sacre, aux sceptres, aux aigles à deux têtes dont le regard oblique effraie les enfants. Nous ne sommes que locataires des lieux, pour une messe hebdomadaire, accueillis dans cette église par la communauté des Rédemptoristes dont le couvent propose, selon nos besoins, ce qu´il faut de salles pour abriter nos activités.

Nous sommes, en définitive, une communauté vivante et active, qui offre plus que ce que sa taille modeste laisserait imaginer : des préparations de repas pour la Caritas, des visites, des conférences, des participations aux Journées Pastorales, de nombreux projets d´Avent et de Carême, des retraites, des pèlerinages parfois lointains. Un groupe où chacun trouve une place à son goût, selon son temps, ses talents, où nous réussissons le plus souvent à donner leur chance à toutes les initiatives. On pourrait juger cette communauté fragile, et de fait elle n´a pas d´église absolument dédiée, ses membres vont et viennent et leur nombre ne fera jamais une foule. On n´y trouve pas cette assistance immuable des paroisses de Vienne, ces fidèles serrés au pied du même autel depuis vingt ou quatre-vingts ans et qui peuvent désigner dans un rayon de trois cents pas le lieu où ils sont nés et celui où ils mourront. Mais cette fragilité n´est qu´apparente, car si notre communauté, presqu´immatérielle, n´existe que par ceux qui viennent à elle, elle s´en remet à l´Esprit pour que les arrivées compensent les départs.

Thibaut Delort Laval

Le père Clément Imbert fête ses dix ans de sacerdoce entouré de la communauté !

Récemment le père Clément Imbert était à Paris pour une conférence au sujet du livre : Benoît XVI, une vie – tome 1, de Peter Seewald, qu’il a traduit en français.