Geneviève Le Motheux

C’est seulement par la Lettre des Églises de Lyon et de Vienne aux Églises d’Asie et de Phrygie rapportant la mort en martyrs d’une cinquantaine de chrétiens lyonnais en 177, sous l’empereur Marc Aurèle, que l’on a, grâce à Eusèbe de Césarée, connaissance de l’implantation du christianisme dans cette ville à la fin du IIe siècle. On ne sait qui a rédigé ce témoignage, simultanément aux faits ou immédiatement après, mais la précision des détails dans leur chronologie garantit que son auteur fut témoin direct de cet épisode à la fois douloureux et édifiant qu’il convient de replacer dans le contexte général qui a été le sien.

La politique des Romains envers les chrétiens.

Les Romains, polythéistes, respectaient le culte des dieux vénérés dans les pays qu’ils avaient conquis à condition que les populations locales célèbrent en retour leurs propres dieux et leurs diverses fêtes, cette tolérance souvent assortie de syncrétisme étant un gage de paix pour l’Empire. Ils furent cependant très méfiants envers les cultes orientaux à mystères qui suscitaient la création de groupes identitaires, foyers de rébellion potentiels, les fidèles se refusant à pratiquer la religion officielle.
L’Histoire, par ailleurs, a gardé mémoire de plusieurs vagues de persécutions des chrétiens jusqu’à Constantin, au début du IVe siècle : faut-il alors leur attribuer des motifs seulement religieux, et tout particulièrement en ce qui concerne celle de Lyon ? Que nous révèlent-elle sur l’implantation du christianisme dans cette ville ?

Les premières persécutions des disciples du Christ, aux tout débuts du christianisme, sont le fait des seuls juifs : les Évangiles expriment à maintes reprises la colère des anciens, grands-prêtres, scribes et pharisiens contre Jésus et leur volonté de le mettre à mort, alors que Pilate ne voyait rien de condamnable en Lui, le vendredi de la Passion et qu’il était prêt à le relâcher ; ce sont ces derniers encore qui incarcèrent les apôtres Pierre et Jean et leur interdirent de prêcher au nom de Jésus, et qui sont responsables de la lapidation de saint Étienne, le premier martyr. Les Romains réservaient au judaïsme, du fait de son ancienneté, un statut particulier dont ont bénéficié tout d’abord les premiers chrétiens, mais dont ils ont ensuite été privés, à la suite d’une rupture définitive à une date qui demeure indéterminée.
Le pouvoir impérial exigeait que toute pratique d’un culte étranger soit autorisée par le Sénat, faute de quoi elle était illicite. Aussi, à la fin du Ier siècle, décréta-t-il « illégale » la nouvelle religion, assimilée à la magie, et des persécutions locales furent organisées à la suite de délations contre les chrétiens dès le début du IIe siècle.

Mais jamais il ne chercha à exterminer ceux-ci, comme nous l’apprend une correspondance entre Pline le Jeune, gouverneur de Bithynie et Trajan (empereur de 98 à 117), à propos de la persécution de 111-113 dans cette région, en réponse à des plaintes anonymes. Pline avoue qu’il ne sait quelle conduite adopter, n’ayant jamais eu affaire aux chrétiens et ignorant tout d’eux. C’est pourquoi il en réfère à l’empereur :
“L’affaire m’a paru le mériter, surtout à cause du nombre de ceux qui sont en péril. Un grand nombre de personnes de tout âge et de toute condition, des deux sexes sont ou seront appelés en justice. Ce ne sont pas seulement les villes, ce sont les bourgs et les campagnes que cette superstition contagieuse a gagnés.”

À Pline qui hésitait à conduire « un grand nombre de personnes » au supplice, Trajan répondit en approuvant sa modération. S’il condamnait le christianisme comme « superstition déraisonnable et sans mesure », il excluait qu’il faille poursuivre systématiquement les chrétiens, et refusait la prise en compte des dénonciations anonymes, tour à fait indignes ; seuls devaient être conduits à la mort ceux qui persévéraient obstinément dans la profession de leur foi, car, ce faisant, ils manifestaient leur refus public d’adhérer aux valeurs et au culte de la cité ; ils constituaient donc une menace car ce que les populations considéraient comme un scandale provoquait des violences locales. C’est donc seulement dans la mesure où ils se tenaient à l’écart de la communauté que les chrétiens étaient réprimés.

Ainsi, tant qu’ils n’attiraient pas l’attention, en se comportant avec prudence et discrétion [1], les chrétiens étaient plus ou moins tolérés, même si, à partir du IIe siècle, les empereurs commencèrent à légiférer contre eux. Ils étaient l’objet d’un double rejet de la part de la société. D’une part, les intellectuels et les classes supérieures, aux yeux desquels ils formaient une minorité de plus en plus visible et « déraisonnable », les méprisaient au motif que leur religion s’adressait aux plus humbles et qu’elle était fondée sur un dieu mort sur une croix. Ainsi, à la fin du siècle, le philosophe païen Celse reproche aux chrétiens de « miner l’ordre social et [de] former un État dans l’État », et il écrit dans Discours véritable :

“En prêchant aux ignorants, qui appartiennent à la population vile, les chrétiens dédaignent les honneurs et la pourpre. Ils en arrivent à s’appeler indistinctement frères et sœurs[2]… L’objet de leur vénération est un homme puni avec le dernier des supplices et avec ce rondin funeste de la croix ils en font un autel, tels des dépravés…”

D’autre part, les populations romaines confrontées à l’extension rapide du christianisme au cours du premier siècle, en Orient principalement, et heurtées par les pratiques religieuses de ceux qu’elles considéraient comme des païens et des impies se montrèrent très tôt hostiles à leur égard.

Dès 64, l’incendie de Rome provoqué par Néron fut imputé par le peuple aux chrétiens de la ville, ce qui fut cause de représailles sanglantes. Partout, ils furent diffamés : on les accusait d’être une secte dangereuse dans la mesure où, refusant de sacrifier aux dieux de la cité et au culte impérial, célébré dans tout l’Empire afin d’en garantir la cohésion, ils compromettaient la sécurité et la prospérité de la communauté, en attirant sur elle les représailles des divinités. Ils étaient accusés de réunions criminelles, au cours desquelles ils mangeaient des enfants et se livraient à l’inceste. Il fallait donc les dénoncer et les réprimer. Pline évoque indirectement ces accusations dans sa lettre à Trajan, lorsqu’il rapporte les réponses des chrétiens durant leur interrogatoire à ce sujet : “Ils affirmaient que toute leur faute ou toute leur erreur se serait bornée à se réunir habituellement à jour fixe, avant l’aube, pour chanter en chœurs alternés des hymnes à Christus comme à un Dieu ; à s’engager par serment non à quelque crime, mais à ne pas commettre de vol, de brigandage, d’adultère, à ne pas manquer à la foi jurée, à ne pas nier un dépôt, à se retrouver enfin pour prendre ensemble un repas, mais un repas ordinaire et inoffensif. Et même ils avaient cessé cette pratique depuis l’édit par lequel, conformément à tes ordres, j’avais interdit les hérésies.”

Dès les premières années du règne de Marc-Aurèle (né en 121, empereur de 161 à 180), la peste et la famine désolèrent l’Empire. Excité par les  philosophes païens, le peuple s’en prit aux chrétiens, comme auteurs de tous ces maux. Saisi de nombreuses plaintes, Marc-Aurèle finit par créer une jurisprudence : les chrétiens seraient poursuivis s’ils agissaient contrairement aux lois et s’ils troublaient l’ordre public. Ils n’avaient le choix qu’entre l’apostasie, obtenue par des traitements brutaux et, si besoin, par la torture, et la mort, en raison de leur fermeté dans la foi que le juge considérait comme un délit justifiant la condamnation à mort finale. À la fin du IIe siècle, les menaces barbares aux frontières de l’Empire tendirent davantage encore la situation politique : en 167-169, puis en 175-180, les chrétiens refusèrent de participer aux cérémonies religieuses de soutien à l’Empire demandées par Marc-Aurèle.

C’est précisément de cette période que date la Lettre des chrétiens de Lyon à leurs frères d’Asie (177), aujourd’hui perdue mais dont on a connaissance grâce à Eusèbe de Césarée (265-339) qui en avait une copie qu’il a transcrite dans son Histoire ecclésiastique.
Cette lettre aux titres légèrement divergents selon les traductions constitue, sur la situation des chrétiens à Lyon en 177, un témoignage essentiel à double titre : il fournit des indications sur l’implantation du christianisme dans la ville et surtout, il relate de façon très précise la persécution déclenchée cette même année contre les chrétiens, sans toutefois fournir d’éléments permettant d’en déterminer la cause.

[1] Ils se réunissaient à l’extérieur des villes pour les célébrations communautaires, à proximité des lieux d’ensevelissement de leurs morts. Mais la pratique du culte domestique étant tolérée, de simples demeures privées dites « maisons de l’assemblée » étaient également aménagées pour accueillir l’assemblée des fidèles, nommée « église domestique ».
[2] Dès le Ier siècle, la première lettre de Pierre désigne l’Église comme une « fraternité », les chrétiens se considérant tous frères et sœurs en Jésus-Christ, en une relation toujours pacifique.

La communauté chrétienne de Lyon à la fin du IIe siècle.

Cette lettre aux titres légèrement divergents selon les traductions constitue, sur la situation des chrétiens à Lyon en 177, un témoignage essentiel à double titre : il fournit des indications sur l’implantation du christianisme dans la ville et surtout, il relate de façon très précise la persécution déclenchée cette même année contre les chrétiens, sans toutefois fournir d’éléments permettant d’en déterminer la cause.


L’univers diversifié des premiers chrétiens

On ne sait ni quand ni par qui le christianisme a été introduit dans la Gaule lyonnaise, et particulièrement à Lugdunum, ville fondée en 43 avant J.-C. par les Romains qui, en raison de sa situation stratégique au carrefour de plusieurs voies importantes de communication, en avaient fait la capitale des Trois Gaules (les deux autres étant la Gaule belgique et la Gaule aquitaine) et, par intermittences, un atelier monétaire impérial.

L’arrivée au pouvoir en 41 de l’empereur Claude, né à Lyon en 10 avant J.-C., favorisa le développement de la colonie. La ville s’étendit sur près de 350 ha et devint l’une des plus grandes agglomérations de Gaule.[3] Par la suite, plusieurs empereurs séjournèrent à Lyon, notamment Hadrien en 119. En 197, la guerre de succession qui opposa Septime Sévère proclamé empereur par le Sénat, à Clodius Albinus, gouverneur de Bretagne, prit fin à Lyon par une bataille dont Septime Sévère sortit vainqueur. La ville, qui avait pris le parti de son adversaire, subit de sévères représailles.

 

La cité d’origine coloniale était peuplée principalement de citoyens romains (avec leurs esclaves), de vétérans de la cohorte urbaine [4] et de descendants d’affranchis, pratiquant en majorité les cultes païens. Elle était cependant cosmopolite car y résidaient également, de façon temporaire ou permanente, des populations diverses : Gaulois, Syriens et Asiates d’Asie mineure, attirées par les ressources économiques qu’offrait la position stratégique de Lugdunum.

Le brassage de peuples aux cultures et aux religions différentes a favorisé un « foisonnement religieux » par l’introduction de dieux païens nouveaux (comme Cybèle) et de cultes à mystère (Mithra, Isis) « cohabitant » avec les nombreuses divinités gauloises (notamment les déesses-mères, symboles de fécondité), et égyptiennes (Osiris, Sérapis), mais l’on peut supposer aussi que ce sont des marchands venus du Proche Orient, où la nouvelle religion était déjà bien implantée grâce à l’évangélisation des apôtres et des premiers disciples du Christ, qui l’ont introduite à Lyon. Faut-il en déduire pour autant que les premiers chrétiens lyonnais ont été d’origine orientale, comme une partie de la population ? Rien, actuellement, ne permet de l’affirmer pas plus qu’on ne peut avancer avec certitude que le christianisme a progressé vers le nord en remontant la vallée du Rhône ou encore qu’il s’est répandu dans la ville grâce à des Gaulois lyonnais déjà christianisés ; ce ne sont qu’hypothèses sans fondement concret. Mais il semble paradoxalement que ce soit dans les centres urbains les plus importants où étaient célébrés les cultes aux dieux et à l’empereur (Lyon, Autun…) que s’est d’abord propagé le christianisme.

Les échanges entre Lyon et le Proche Orient sont attestés par le fait que, parmi les martyrs de la persécution de 177, deux venaient l’un de Pergame et l’autre de Phrygie, que les deux premiers évêques de Lyon venaient de Smyrne, enfin, que la Lettre était adressée aux fidèles d’Asie et de Phrygie. La culture et la langue grecques étaient bien représentées : les sept ou huit martyrs qui portent des noms grecs pourraient être soit des Grecs, soit des Orientaux non lyonnais de souche, soit des affranchis qui portaient, selon l’usage, des noms grecs, indépendamment de leurs origines. Enfin, c’est en grec, longtemps la langue liturgique, qu’à Lyon, saint Irénée célébrait la messe, même si la langue d’usage était le latin.

La liste des martyrs comporte cependant aussi des noms d’origine gauloise (très peu car sans doute très souvent latinisés) ou romaine, portés par des habitants aux statuts divers : citoyens romains, citoyens de la colonie descendants d’affranchis, hommes libres non citoyens de la colonie, affranchis et esclaves. Elle révèle que parmi eux, on trouve aussi bien l’évêque qu’un néophyte, et qu’à la différence de ce qui se passait à Rome, ces chrétiens n’appartenaient ni au monde militaire ni à la sphère de l’administration. Ils représentaient toutes les couches de la société : médecin, avocat, citoyenne romaine et son esclave, et tous les âges de la vie, de l’adolescence à la vieillesse. Le christianisme s’était donc diffusé dans des groupes sociaux très diversifiés.

Un passage du Contre les hérésies (vers 180) d’Irénée signale la pratique à Lyon de la pénitence publique, à laquelle se sont livrées des femmes qui avaient précédemment adhéré à l’hérésie du gnosticisme.

En l’absence de toute information antérieure à cette date, la Lettre est particulièrement précieuse car elle est le premier document actuellement connu relatif à la présence et à la constitution d’une communauté chrétienne non seulement à Lyon mais dans toute la Gaule. De plus, elle indique que cette communauté est conduite par un évêque, ce qui vaut à la cathédrale Saint-Jean de porter le titre de primatiale et à l’évêque celui, purement honorifique, de primat des Gaules. Rien ne prouve toutefois qu’il n’y ait pas eu de communautés chrétiennes dans d’autres villes importantes à la même époque ou même antérieures.Werner Eck [5], historien allemand contemporain, note avec pertinence que « le hasard qui a fait sortir l’Église de Lyon de l’obscurité a bien pu y laisser beaucoup d’autres Églises de Gaule dont on n’a aucune trace ».

 

[3] Chacune des trois Gaules était constituée d’une grande diversité de peuples celtes, dont la rivalité a fait le jeu de César, lors de la guerre de conquête dite « des Gaules », et toutes, sous l’autorité générale d’un légat résidant à Lyon, étaient subdivisées en soixante (ou soixante-quatre) cités/civitates. Auguste fit de la Gaule narbonnaise une province sénatoriale, administrée par un proconsul, tandis que les provinces alpestres, propriété personnelle de l’empereur, étaient gérées par des procurateurs.
[4] En dehors de Rome et de l’Italie, et de Carthage, Lyon, en raison de son statut de capitale des Gaules, a été la seule ville de l’Empire à se voir affecter des cohortes urbaines qui avaient pour mission d’assurer la police et l’ordre public. Les soldats n’étaient que légèrement armés.
[5] La Romanisation de la Germanie, Paris, 2007, p. 84-85.


Les deux premiers évêques de Lyon

De Pothin, premier évêque de Lyon, on ignore l’origine ; on ne sait pas plus quand, par qui, où il a été consacré, ni en quoi consiste alors la charge de l’épiscopat : au IIe siècle, le terme semble ne désigner qu’un « ministère de l’unité ». Vers 150, il avait été envoyé à Lyon par Polycarpe (v. 70-v. 155), second évêque de Smyrne, qui lui-même aurait reçu l’imposition des mains de saint Jean l’Évangéliste. Il n’est pas douteux que les païens l’ont considéré comme le chef des chrétiens, vu la haine et la cruauté avec lesquelles ils se sont acharnés contre lui, sans égards pour son âge (plus de quatre-vingt-dix ans). À une époque où s’expriment plusieurs interprétations sur les articles de foi, la présence d’un évêque (quelle que soit sa fonction) à la tête de la communauté laisse penser que celle-ci était déjà suffisamment importante pour nécessiter qu’elle soit guidée par une autorité spirituelle de référence, vraisemblablement en accord avec Rome, ou même sous son impulsion. À la fin du IIe siècle, les relations avec la Ville éternelle sont en effet suivies, comme le montre en particulier le séjour qu’y fit Irénée très peu de temps après la persécution.

 

 

De culture et de langue grecques, Irénée est né à en Asie mineure vers 120 ou 130, de parents grecs et chrétiens et il bénéficia également des enseignements de Polycarpe. Arrivé à Lyon en 175 comme prêtre, il seconda Pothin jusqu’à la mort de ce dernier. Ayant échappé ou survécu à la répression, il fut choisi pour porter à l’évêque de Rome et pape Éleuthère la Lettre sur les martyrs de Lyon et les mots des incarcérés qui lui étaient adressés. Son billet d’accréditation le présente comme « » (c’est-à-dire « ancien ») de l’Église, terme indiquant peut-être qu’il avait été choisi pour succéder à Pothin. Son voyage à Rome aurait alors pu avoir pour but de recevoir d’Éleuthère l’imposition des mains le consacrant dans son ministère d’évêque.

Sa préoccupation première fut de préserver partout l’unité de l’Église, divisée en Orient comme à Lyon, entre des doctrines divergentes (gnosticisme et montanisme surtout) et contraires aux enseignements de l’Évangile tels que les avait enseignés Polycarpe, dont il écrit :

“Non seulement Polycarpe fut disciple des apôtres et vécut avec beaucoup de gens qui avaient vu le Seigneur, mais c’est encore par des apôtres qu’il fut établi, pour l’Asie, comme évêque de Smyrne. Nous-même l’avons vu dans notre prime jeunesse – car il vécut longtemps et c’est dans une vieillesse avancée que, après avoir rendu un glorieux et très éclatant témoignage, il sortit de cette vie –. Or il enseigne toujours la doctrine qu’il avait apprise des apôtres, doctrine qui est aussi celle que l’Église transmet et qui est la seule vraie. “Adversus haereses/Contre les hérésies, III, 3,4.”

Irénée se signala aussi par son importante activité missionnaire, fondant plusieurs diocèses, dont ceux de Besançon et de Valence.

On ne sait rien de lui après le pontificat de Victor (189-198), successeur d’Éleuthère mort en 189, au cours duquel il intervint pour fixer la date unique de Pâques. Les circonstances de sa mort sont inconnues (rien n’atteste qu’il ait été martyr en 197, malgré une tradition tardive) et l’année le plus souvent retenue est celle de 202.

Grâce à l’éminente caution théologique reçue de ses deux premiers évêques, l’Église de Lyon s’est donc développée, dès ses origines, dans la plus rigoureuse orthodoxie.

Les lieux de présence des chrétiens dans le Lyon romain

À vrai dire, on en est réduit à des conjonctures à ce sujet car, en raison du statut de religion illicite du christianisme, aucun monument chrétien n’a été édifié dans la ville, avant la seconde moitié du IVe siècle, époque des premiers vestiges. En effet, l’édit de Milan, appelé aussi édit de tolérance (de la religion chrétienne), promulgué par Constantin en 313, favorisa alors partout la construction de nombreux lieux de culte. On sait seulement que les premiers chrétiens enterraient leurs morts sur la pente occidentale de la colline de Fourvière, aujourd’hui Trion, le long des voies romaines.

Diverses campagnes de fouilles ont révélé que la colline fut le lieu d’implantation de la civilisation gallo-romaine et c’est dans l’enceinte de la ville antique, à proximité du Forum et des Théâtres que se trouve le site nommé l’Antiquaille.

Selon une tradition contestée car sans rien qui l’atteste, saint Pothin aurait été jugé sur ce site, y aurait été emprisonné avec ses compagnons et y aurait succombé aux mauvais traitements qu’il avait reçus. On voit dans une pièce souterraine un espace exigu présenté comme son cachot et une plus vaste salle adjacente aux murs entièrement recouverts d’une mosaïque du XIXe siècle représentant chacun des martyrs, avec leurs noms.

Antiquaille – Crypte des mosaïques

L’Amphithéâtre, à la Croix Rousse sur la rive gauche de la Saône, accueillait spectacles et jeux du cirque ; il était en outre le lieu de rassemblement annuel des chefs gaulois. C’est dans cet amphithéâtre que périrent les chrétiens livrés aux bêtes.


La persécution

Plusieurs motifs ont été évoqués par les historiens : l’hostilité traditionnelle des populations romaines vis-à-vis des chrétiens ; la concurrence entre les  religions ou encore l’attitude extrémiste des adeptes du montanisme[6], courant hétérodoxe fermement condamné par l’Église lyonnaise puis par le pape Éleuthère à la fin du IIe siècle. Toutefois, sur les quarante-sept noms de martyrs, au moins vingt-neuf sont ceux de citoyens romains, ce qui laisse penser que l’Église était bien enracinée localement, inquiétante dans la mesure où elle commençait à attirer la population civique de la colonie de Lyon.

La persécution s’est produite entre le mois de juin et le début du mois d’août, à un moment particulièrement important de la vie de la cité. Car chaque 1er août était célébré le culte impérial de Rome et des Augustes, « grande fête solennelle du pays » qui s’accompagnait de manifestations profanes : combats de gladiateurs, chasses d’animaux sauvages (ours, loups, sangliers, aurochs, taureaux), qui drainaient beaucoup de monde. À cette occasion se déroulait en outre la panégyrie déjà mentionnée, réunion annuelle des chefs des soixante (ou soixante-quatre) cités gauloises des Trois Gaules, au cours de laquelle ils renouvelaient leur serment d’allégeance à Rome et à Auguste autour de l’autel fédéral mitoyen, aujourd’hui disparu.

On ne connaît que le nom des quarante-sept martyrs fournie par la Lettre. Mais on ignore tout des motifs des arrestations et incarcérations, du nombre total de ceux qui ont été incarcérés, de celui des survivants et des raisons pour lesquelles ils ont été épargnés. Car de nombreux chrétiens n’ont pas été inquiétés : ils ont pu visiter leurs « frères » et leurs « sœurs » en prison, leur apporter des vivres, leur fournir de quoi écrire les lettres qu’Irénée a eu mission de transmettre au pape.

[6] Le montanisme est un mouvement chrétien radical apparu en Phrygie vers les années 170 qui annonce la fin du monde, prône l’ascétisme le plus extrême et conteste hiérarchie, État et service militaire. Il incite ses adeptes à rechercher le martyre, ce qui pouvait compromettre doublement la survie de l’Église : en tant qu’institution d’une part et de l’autre en tant que composante religieuse dans l’Empire, en dépit des persécutions à l’encontre des chrétiens.


Ses débuts

Elle a été précédée d’une longue période de tension venue du peuple. D’après la  Lettre, “[…] la violence de la persécution a été telle, la fureur des païens contre les saints et les souffrances endurées par les bienheureux martyrs ont été si véhémentes que nous ne saurions les décrire exactement et qu’il est impossible d’en faire un récit complet.
À la vérité, l’Ennemi a frappé de toutes ses forces ; il préludait déjà aux violences de son règne futur. Il utilisa tous les moyens pour entraîner et exercer ses suppôts aux attaques contre les serviteurs de Dieu : non seulement les lieux publics, les thermes et l’agora nous étaient interdits, mais de façon générale, il nous était défendu de nous montrer en public.
La grâce de Dieu luttait cependant avec nous ; elle soutenait les faibles, elle opposait au Méchant les plus vaillants, inébranlables comme des colonnes, afin de concentrer sur eux tout l’effort du Maudit. Ceux-là marchaient à l’ennemi, subissaient outrages et tourments ; peu leur importait : ils allaient rejoindre le Christ. Par leur exemple ils montraient que « les souffrances du temps présent ne sont rien comparées à la gloire qui doit se manifester en nous ».

Et d’abord, ils supportèrent noblement tous les outrages que la foule entière leur infligeait à tous : clameurs, coups, arrestations, pillages, lapidation, détention et tout ce qu’une populace déchaînée prodigue d’ordinaire à des ennemis détestés.

Leur interrogatoire, d’abord par le légat et les magistrats de la cité, se déroula sur la place publique, devant une foule nombreuse. La ferme profession de leur foi chrétienne entraîna leur détention, jusqu’au retour du gouverneur, « qui usa de toute sa cruauté habituelle », s’acharnant sur eux afin d’obtenir qu’ils se rétractent et blasphèment. Ils eurent à soutenir en même temps la fureur du peuple et celle des soldats :

“[…] Vettius ne put se contenir devant le déroulement inique du procès qu’on nous faisait. Saisi d’indignation, il demanda de pouvoir prendre la défense des frères et de prouver qu’ils n’étaient ni athées, ni impies. Les gens qui entouraient le tribunal se mirent à vociférer contre lui (car il était de grande famille). Le gouverneur rejeta sa requête, pourtant légale, et lui demanda s’il était chrétien lui aussi. Vettius, d’une voix éclatante, confessa sa foi ; il fut arrêté lui aussi et promu au rang des martyrs.[7]
Chaque jour, de nouveaux chrétiens étaient à leur tour arrêtés, principalement les plus actifs des deux communautés de Lyon et de Vienne. Quelques païens au service des chrétiens le furent également. Redoutant les tortures et excités par les soldats, ils se répandirent en accusations calomnieuses : festins de Thyeste, incestes à la façon d’Œdipe « et d’autres crimes tels qu’il nous est interdit d’en parler ou d’y songer, ou même de croire que pareille chose soit possible chez les hommes. ”

Si ces accusations montrent à quel point les chrétiens étaient peu connus à l’époque, elles firent redoubler de férocité peuple et bourreaux. Il en résulta une dizaine d’apostasies qui furent fort douloureusement vécues par les « frères » dont la seule raison de vivre était de mériter la palme du martyre et qui craignaient que cet exemple n’anéantisse le courage de ceux qui semblaient le moins assurés dans leur foi. Mais durant la pause de plusieurs semaines due à l’envoi à Rome par le gouverneur d’un messager auprès de Marc Aurèle pour recevoir ses instructions, certains des chrétiens qui avaient apostasié, stimulés par leurs compagnons de détention, se déclarèrent finalement chrétiens et moururent avec courage pour leur foi, telle Biblis qui, niant que les chrétiens puissent manger des enfants, se déclara chrétienne et mourut en martyre.

Les apostats ne tirèrent aucun profit de leur reniement : tandis que “les confesseurs de la foi étaient incarcérés comme chrétiens, sans qu’on portât contre eux aucune autre accusation, les autres étaient retenus sous l’inculpation d’homicide et de monstrueuses forfaitures. Ils étaient doublement punis par rapport à leurs compagnons”, en butte au mépris de tous, païens compris qui les traitaient de misérables et de lâches. Leur comportement manifestait la honte qu’ils avaient d’eux-mêmes, alors que « les confesseurs s’avançaient pleins d’allégresse, le visage illuminé de gloire et de grâce. » Cette dichotomie si visible enleva à ceux qui furent arrêtés par la suite toute tentation de devenir renégats.

[7]  Les chrétiens incarcérés et torturés sans avoir été condamnés à mort sont nommés « confesseurs ». Les « martyrs » sont morts soit décapités soit livrés aux bêtes dans l’arène.


Du déchaînement de la cruauté à la mise à mort

La Lettre donne le nom des chrétiens consacrés ou laïcs auxquels les foules s’en prirent avec une particulière violence, notamment : « Sanctus, le diacre de Vienne[8] ; Maturus, récemment baptisé, mais généreux athlète ; Attale, originaire de Pergame, qui avait toujours été la colonne d’appui des chrétiens » ; Ponticus, tout jeune. Il ne sera ici question que des deux martyrs dont Lyon a depuis le début maintenue très vive la mémoire : l’évêque Pothin et l’esclave Blandine.

       Cachot de Saint Pothin

La vieillesse de l’évêque ne lui valut aucun égard :
“Le bienheureux Pothin, qui gouvernait comme évêque de l’Église de Lyon, avait alors plus de quatre-vingt-dix ans. Sa santé était fort ébranlée, il respirait difficilement, tout son corps était usé, mais il était réconforté par le souffle de l’Esprit, parce qu’il aspirait au martyre. À son tour il fut traîné au tribunal. Son corps était miné par l’âge et la maladie, mais l’âme veillait en lui, afin de lui assurer le triomphe du Christ. Les soldats le conduisirent, accompagnés des notables de la ville et d’une foule qui hurlait comme s’il était le Christ en personne. Le vieillard rendit un magnifique témoignage. Le gouverneur lui demanda quel était le Dieu des chrétiens. L’évêque lui répondit : « Tu le sauras quand tu en seras digne ».
Sur quoi, on le traîna brutalement et on le roua de coups. Ceux qui pouvaient l’approcher le frappaient des poings et des pieds, sans égard pour son âge ; les autres lui jetèrent ce qui leur tombait sous la main. Tous auraient cru commettre une faute grave d’impiété en n’outrageant pas le malheureux : ils croyaient ainsi défendre leurs dieux. Il respirait à peine quand il fut ramené en prison. Deux jours plus tard, il rendit l’âme.” 

 

Une église reconstruite au XIXe siècle lui est dédiée à Lyon, d’où sont extraites les quatre photos de vitrail (XXe siècle) choisies en illustration.

Un certain nombre de chrétiens, entassés sans ménagement dans des cachots obscurs et malsains, soumis « à l’écartèlement des pieds et à toutes les cruautés imaginées par des geôliers possédés du démon » moururent étouffés et le titre de martyrs leur a également été attribué. D’autres, bien que semblant devoir succomber aux tortures qui leur avaient été infligées, « résistèrent pourtant dans la prison : privés de tout secours humain, mais réconfortés par Dieu, ils recouvraient la force du corps et de l’âme, encourageaient et soutenaient leurs compagnons. » Enfin, ceux qui avaient été arrêtés les derniers et « dont le corps n’était pas encore entraîné à la torture, ne supportèrent pas l’horrible entassement dans la prison ; ils y moururent. »

Le gouverneur profita du déroulement des deux fêtes annuelles pour mettre en scène la mort des chrétiens offerts en spectacle. Il fit amener les prisonniers à son tribunal. Après un nouvel interrogatoire, inutile, pour obtenir leur apostasie, il fit décapiter ceux qui étaient citoyens romains, les autres furent condamnés aux fauves, et parmi eux, Blandine eut à souffrir des supplices particulièrement nombreux.

De Blandine, on ne connaît que l’état d’esclave. L’imagerie populaire la représente comme une jeune fille alors que, plus vraisemblablement, elle devait être plus âgée au moment de son martyre, en raison du rôle constant de soutien qu’elle a joué durant tout le temps de la persécution. Quoi qu’il en soit, alors qu’elle paraissait très vulnérable et incapable « d’affirmer franchement sa profession de chrétienne », elle est celle qui supporta le plus longtemps les pires supplices. Après les tortures des interrogatoires, elle fut livrée aux bêtes qui refusèrent de lui faire le moindre mal. Renvoyée en prison, on ne l’en fit sortir que pour la faire assister à la mort de ses compagnons dans l’arène. Elle leur enjoignait de rester fermes dans leur foi, sans cesser de prier et de chanter des cantiques.

[…] Blandine se trouva remplie d’une telle force qu’elle finit par épuiser et lasser les bourreaux. Ceux-ci se relayaient du matin jusqu’au soir pour la torturer par tous les moyens : ils durent s’avouer vaincus et à bout de ressources. Ils s’étonnaient qu’elle respirât encore, avec le corps déchiré et meurtri. Ils avouaient qu’une seule de leurs tortures suffisait pour enlever la vie ; à plus forte raison ces tortures-là, et en si grand nombre. Au contraire, la bienheureuse rajeunissait comme un vaillant athlète, au cours de la confession de sa foi. Il lui suffisait de répéter « Je suis chrétienne, et chez nous, il ne se fait point de mal », et elle reprenait des forces, se reposait et devenait insensible aux tortures.

Flagellée, placée sur un grill brûlant, livrée dans un filet à un taureau qui la lança en l’air avec ses cornes sans la blesser, c’est finalement égorgée par le bourreau le dernier jour des jeux qu’elle fut la dernière à mourir. Son comportement exemplaire lui vaut d’être la sainte patronne de Lyon et d’une église, reconstruite au XIXe siècle.

Toutes ces exécutions n’ayant pas suffi à apaiser la fureur des « tribus sauvages et barbares », celles-ci s’en prirent aux dépouilles des suppliciés. : “On jeta à la curée les restes des confesseurs, étouffés dans la prison ; nuit et jour on montait la garde pour nous empêcher de les ensevelir. On exposa même ce que feu et fauves avaient épargné, des lambeaux de chair, des membres carbonisés. De ceux qui furent décapités, on laissa sans sépulture les têtes et les corps tronqués sous la garde de soldats, pendant de longs jours.”

Les corps furent ensuite brûlés et réduits en cendres dispersées dans le Rhône, pour effacer jusqu’à leur trace sur la terre. Les païens croyaient ainsi triompher de Dieu : “Il faut, disaient-ils, enlever à ces hommes jusqu’à l’espoir de la résurrection. À cause de cette croyance, ils introduisent chez nous une religion nouvelle et étrangère, méprisent les tortures et courent joyeusement à la mort. Voyons maintenant s’ils ressuscitent, si leur Dieu est à même de les secourir et de les arracher à nos mains.”

[8] À part la présence de ce diacre, on ne sait rien de l’Église de Vienne.


Les suites de la persécution

La mort avait été infligée aux martyrs en fonction de leur statut. Les vingt-deux hommes et femmes (à égalité) citoyens romains furent décapités, suivant l’usage. Les autres chrétiens condamnés à mort (cinq hommes et une femme : Blandine) furent livrés aux bêtes dans l’arène ; dix-neuf (neuf hommes dont l’évêque Pothin et dix femmes) moururent en prison des suites de leurs tortures. Le nombre important des femmes exécutées est inattendu car les Romains répugnaient d’ordinaire à infliger aux femmes la peine de mort ; il traduit l’extrême  cruauté à l’encontre de tous les chrétiens.

En regard des morts par décapitation, peu nombreuses sont les morts dans l’arène : « On dirait que le gouverneur a tenu à garder le plus possible à la condamnation et à la mise à mort des chrétiens un aspect judiciaire strict, en ne faisant qu’une concession limitée au spectaculaire » [9] et donnant à « l’élimination des chrétiens le caractère d’une exigence sérieuse de l’ordre public. »

À plus long terme, à Lyon comme ailleurs, les persécutions, loin d’affaiblir le christianisme, l’ont bien plutôt fortifié, et comme l’écrivit Tertullien (150- 220) : « le sang des martyrs est la semence des chrétiens ». Le christianisme se propagea plus facilement au sein du peuple gaulois entièrement tourné vers la religion, selon Jules César, que ne l’avait fait le culte de Romains, implanté artificiellement. Toutefois, il n’est parvenu aucun témoignage qui renseigne sur l’Église de Lyon, après cette répression sanglante, avant 254, date d’une lettre de saint Cyprien (200-258) évêque de Carthage au pape Étienne Ier qui mentionne Faustinus comme évêque de la ville. Longtemps après encore, la liste connaît bien des incertitudes.

On sait seulement que dans toute la chrétienté, des intellectuels se sont ralliés progressivement au christianisme et qu’ils ont contribué à réfuter les accusations portées à l’encontre des chrétiens. Les dernières vagues de persécutions eurent lieu au IIIe siècle, puis, au début du IVe siècle, l’empereur Constantin favorisa le christianisme en élaborant avec l’empereur d’Orient Licinius l’édit de Milan (313). Ce fut alors la disparition progressive du paganisme, définitivement aboli en 391 par l’empereur Théodose, et la construction des premières églises à Lyon comme ailleurs.

Devenant à leur tour la majorité religieuse dans l’Empire, les chrétiens manifestèrent à l’égard du paganisme la même intransigeance que celle dont ils avaient été victimes pendant plus de deux siècles, s’efforçant avec vigueur d’en éradiquer toute trace, même par la violence.

 

[9] François Richard et André Pelletier :  Lyon et les origines du christianisme en Occident, Éditions lyonnaises d’Art et d’Histoire, p. 65


Annexes

1 Lire dans son intégralité une traduction (à partir du grec) de la Lettre des martyrs :

2 Bibliographie :

François Richard et André Pelletier, Lyon et les origines du christianisme en Occident, Éditions lyonnaises d’Art et d’Histoire : Voir aussi Rubrique Livres


Geneviève Le Motheux

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